ROMAIN HUMEAU: Echos (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Romain Humeau est surtout connu comme membre du groupe Eiffel qui a sorti l'année dernière après 6 ans de pause un excellent "Stupor Machine". Mais résumer la carrière de ce dernier au seul groupe qu'il incarne serait faire un raccourci trop rapide. A l'instar des artistes qu'il admire tels que David Bowie, Damon Albarn, Andy Patridge..., Romain ne se contente pas de ça et multiplie les projets parallèles entre sa carrière "solo" ou plutôt sous son nom et l'écriture pour des chanteurs tels que Bernard Lavilliers. Comme les Britanniques, le chanteur essaye de sortir de sa zone de confort en proposant des projets tels que "Vendredi ou les Limbes du Pacifique" explorant d'autres sonorités.

Loin de se laisser emporter par la morosité ambiante notamment liée par la crise sanitaire qui met encore plus en exergue les difficultés rencontrées par la culture, le chanteur-compositeur-interprète sort "Echos" comme un pied de nez et un bras d'honneur au contexte actuel. Si Eiffel semble obéir à des codes, la carrière à part de Romain semble lui offrir plus de liberté que la configuration groupe. Libéré de ce carcan, ce nouvel album confirme la singularité de l'artiste notamment dans la manière d'écrire.

Les paroles sont au cœur des projets qu'il porte, qu'elles soient poétiques, abstraites, surréalistes ou plus frontales. Romain est un amoureux des mots. Mais sans bonnes mélodies, les mots n'ont pas d'impact et sont inutiles. Tout le travail du musicien réside dans l'art de les enrober dans un écrin de notes harmoniques. C'est tout le travail plutôt réussi proposé dans ce nouvel album. Le titre éponyme démarre comme 'Angels' de Robbie Williams dont il emprunte les premières mesures de piano qui impriment une ambiance pop anglaise classieuse. Ainsi, l'album pioche dans cet esprit, que ce soit dans Blur ('Pretty Girls In a B.W.W.') avec quelques effets électro, ou dans le sursaut "punk" de quelques refrains ('L'art de la Joie')... Et même si certains titres pourraient parfaitement se retrouver dans Eiffel ('Odyssée'), il faut reconnaître à Romain cette volonté de s'en affranchir avec des titres franchement assimilables comme dans 'Sauve-toi, Sauve-moi' au refrain irrésistible ou plus ardus comme dans 'Tryin' to Be A Girl'.

Romain Humeau reste un battant avec une volonté indéniable pour mettre en valeur son travail d'artisan, en se prenant notamment en main (création d'un label) et en ne se reposant pas sur ses lauriers. Entre rock et pop de grande classe qui aujourd'hui ont perdu leur aura médiatique, il demeure encore des artistes comme lui pour perpétuer un héritage où les paroles conservent un sens, teintées d'un esprit adolescent un peu rebelle, sur une musique désormais à part dans le paysage actuel.

ROMAIN HUMEAU

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