Troisième album en 17 ans pour les Norvégiens de Stoneflower. Autant dire que nous n'avons pas affaire à des stakhanovistes de la production discographique. Pourtant, même si ses deux premiers opus n'ont pas défrayé la chronique, le groupe de Tom Sennerud a néanmoins droit au respect de la profession, ce qui explique la présence d'invités de marque sur "Finally", nouvelle galette en cette année de confinement. C'est ainsi que nous retrouvons la fine gâchette d'un Tommy Denander qu'il n'y a plus besoin de présenter et celle de Gunnar Westlie (Da Vinci), ainsi que les claviers de Bjorn Ole Rasch (Secret Garden). Tout ce beau monde vient prêter main forte à une formation fortement remaniée, voyant arriver en son sein le batteur Geir Johnny Huneide (frère de Svenn, bassiste historique du groupe) et surtout, le chanteur John Masaki qui s'est fait remarquer dans Norwegian Idol.
Dès les premiers accords du single 'Gonna Let You Go', il apparaît clairement que nous sommes en présence de musiciens de haut niveau et aux belles qualités de composition, naviguant ici entre AOR et Westcoast. Le premier se révèle rutilant et énergique ('Gonna Let You Go', 'Finally'), flirtant parfois avec un hard FM à l'ambiance nocturne et urbaine ('Calling All Stations') ou se faisant cinglant mais toujours très mélodique ('The Devil Never Cries'). Les titres plus Westcoast sont également bien ficelés et naviguent sur des territoires plutôt mid-tempo très 80's ('What Can Be Done', 'Through The Fire'). Et puis il y a les douceurs incontournables mais fort réussies, en particulier 'Fall' qui vient clôturer l'ensemble sur un classique format chant/piano avec nappes de claviers mais qui se révèle émouvant.
Alors pourquoi la note moyenne que vous n'avez pas manqué de remarquer avant de vous lancer dans la lecture de cette présentation ? Tout simplement parce que cet opus semble être resté figé dans les glorieuses années 80. Ceci n'a rien de rédhibitoire et de nombreux opus du genre ont réussi à nous convaincre en affichant le même profil. Sauf qu'ici, il manque à Stoneflower ce petit quelque chose qui lui aurait permis d'affirmer une identité plus forte et de faire oublier certaines influences prégnantes. La principale est Toto dont l'ombre plane avec insistance sur un 'Believing' pourtant chaloupé et envoûtant avec sa structure légèrement complexe et ensoleillée. 'Slivering Hands' ou 'How Does It Feel' n'échappent pas non plus à la comparaison avec le gang de Steve Lukather malgré des qualités évidentes. Autre influence plus étonnante et venant à l'esprit : Christopher Cross. Il y a tout d'abord la voix de John Masaki qui reste souvent dans des aigus fragiles, même s'il est également possible de penser à Toby Hitchcock (Pride Of Lions). Ensuite, certains titres tels que 'Kaylee' s'enfoncent dans des terres Westcoast qui ne peuvent pas ne pas évoquer le légendaire Floridien.
Très agréable, finement ciselé et parfaitement interprété, "Finally" manque cependant trop d'originalité et de personnalité pour espérer se révéler indispensable aux amateurs du genre. Si tant est que les Norvégiens offrent un nouvel opus avant une demi-douzaine d'années, il leur faudra pousser leur degré d'exigence un peu plus loin s'ils veulent envisager de passer en division supérieure.