Virgin Steele, c’est un peu comme la pochette de leur nouvel album. D’apparence rebutante, il faut savoir en faire abstraction pour découvrir un album d’une inattendue richesse. Souvent comparé à Manowar, la première écoute de leurs disques laisse percevoir un heavy basique assez sec. Or, si l’on creuse un peu, les compos apparaissent comme épiques et complexes. Faites donc fi de cet artwork au kitch évident, et laissez vous tenter pour un voyage barbare et romantique à la beauté insoupçonnée.
Six longues années séparent 'The House of Atreus part II' de ce 'Visions of Eden'. C’est si long que l’on en venait à se demander si le groupe n’avait pas tout simplement cessé d’exister. C’était sans compter sur David Defeis qui, à l’instar de figures emblématiques comme Blackie Lawless ou Peavy Wagner, tient tout un groupe sur ses épaules en dépit de changements de line-up incessants. Le chanteur et compositeur nous propose donc encore un album reposant sur un concept, comme c’est le cas depuis 'The Marriage of Heaven and Hell'. Toujours enclin à nous faire partager sa passion pour la mythologie grec, monsieur Defeis nous a cette fois concocté un concept album retraçant l’histoire de Lilith, première compagne d’Adam qui quittera ce dernier par refus d’être considérée comme inférieure, en nourrissant une forte haine envers le genre humain.
Tous les ingrédients de Virgin Steele se retrouvent sur cette rondelle. A commencer par la durée des morceaux, puisque l’album affiche près de 80 minutes pour 11 pistes, ce qui promet d’être épique. Les orchestrations un peu cheap et la production faiblarde des guitares sont encore de mise, et donnent toujours cette impression d’être en face de sons MIDI et d’une batterie programmée. Et heureusement, le chant somptueux de David Defeis est lui aussi au rendez-vous. Sa voix chaude rappelle évidement Eric Adams mais se différencie lorsque les parties se font plus aigus. Ses cris « d’aigle » sont une véritable marque de fabrique qui subliment chaque morceau.
Les superbes refrains sont eux aussi de la partie, comme le prouvent les excellents "Immortal I Stand", "Vision of Eden" et "Angel of Death". Des classiques en devenir, assurément. Le guitariste Edward Pursino n’est pas en reste et appose des soli de toute beauté, en particulier sur le bien senti "Bonedust". Les férus de titres épiques seront quant à eux aux anges avec le terrible "Adorned With the Rising Cobra". Enfin, les ballades "God Above God" et "When Dusk Fell" achèvent de nous convaincre que nous tenons encore un excellent crû du Virgin Steele 2006.