Le post-hardcore n’est pas mort, il bouge encore. Enfin un peu. C’est sûr que dans le genre fourre-tout, il n’a d’égal que le rock alternatif. Mais il a tout de même eu son heure de gloire dans les années 80 et 90, avant d’évoluer vers un rock plus expérimental dans les années 2000. Dance Gavin Dance fait partie de cette dernière mouvance, celle qui a incorporé des éléments math rock et post-rock à sa musique. "Afterburner" est son neuvième album en 15 ans d’une existence tourmentée mais prolifique.
La musique des Californiens ressemble un peu à la chambre d’un ado turbulent. C’est tellement le bazar que seul lui (ou elle) y retrouve ses petits. Alors certes, les fondamentaux du post-hardcore structurent la majorité des compositions : alternance de chant clair pop et de chant crié, basse claquante et guitare rythmique dans le style "punk à roulettes" (‘Prisoner’, ‘Lyrics Lie’). Mais le groupe est tellement obsédé par sa volonté de dynamiter ces structures fondatrices qu’il se croit obligé de multiplier les emprunts à d’autres styles musicaux, notamment la pop (‘Three Wishes’), le funk (‘One In A Million’), le R&B, et même le rap (‘Into The Sunset’). Si bien que cette volonté d’éclectisme forcené accouche le plus souvent d’un joyeux foutoir dans lequel il est bien difficile de se repérer.
Certes, la production est impeccable et le talent des musiciens est incontestable. Mais le manque de cohérence de la plupart des titres et l’empilement de fragments musicaux sans réelle logique rend l’écoute d’ "Afterburner" exaspérante (‘Calentamiento Global’, ‘Parallels’). Surprendre l’auditeur est une chose, le perdre en est une autre. Et malheureusement les Américains se perdent eux-mêmes dans ce foutoir musical sans âme et sans vision. Dommage car l’éternel ado Dance Gavin Dance est attachant par son énergie débordante et l’optimisme de sa musique. Mais il lui reste à ranger sa chambre pour qu’on puisse y voir plus clair.