Gwënn est un guitariste qui a fait partie de l'un des plus grands groupes de rock celtique récents nommé Armens. Le groupe a été pour lui 20 ans d'une vie d'artiste faite de compositions, de concessions, de tournées épuisantes, de tensions, de bonheurs, de partage... 1995-2015 et puis la mise en sommeil. Il aura fallu cinq ans avant que le musicien nous propose un EP construit patiemment et composé sur... tablette notamment.
Cinq titres composent ce mini-album qui désarçonne un peu ceux qui connaissent son précédent groupe. En effet, Gwënn propose des compositions qui s'orientent vers une musique plus numérique composée grâce aux nouvelles technologies dans laquelle il intègre son savoir-faire organique. Il ne faut pas attendre ici des hymnes revendicatifs, sauvages, fougueux mais des titres qui lorgnent vers les années 80 à la Giorgio Moroder. Cela commence par 'Question Of Time' qui fait écho à la bande originale de Midnight Express et son rythme hypnotique troublant jusque dans les sons de synthé que l'on croirait issus du maître italien.
Gwënn aurait-il mis au rencart sa guitare saillante ? Et bien non cher auditeur, celle-ci est bien présente dès le second titre 'Simila Similibus' où elle se taille la part du lion avec des riffs agressifs et un chant qui rappelle Damon Albarn et Gorillaz dont l'artiste s'est inspiré. On se rend compte alors que comme dans un labyrinthe, Gwënn s'amuse à nous perdre dans ses méandres de musicien aventureux en offrant un 'Red Lights' qui avec son ambiance japonisante apparaît plus contemporain et plus tortueux dans son appréciation en donnant le sentiment d'être un peu lointain et détaché. Il introduit simplement 'Tell Me', s'inscrivant dans son sillage et qui pourrait trouver une filiation avec Petosaure. Si le rendu peut paraître un peu désensibilisé, il n'en demeure pas moins une tentative d'expérimentation sonore intéressante et osée.
Le point d'orgue de ce court EP est 'Dance With Words' qui synthétise tout ce qui a été fait au cours des quatre premiers titres avec des couplets en forme de boucle électro que vient illuminer un refrain efficace, un solo de guitare excellent qui vient faire la transition vers une seconde moitié de titre plus ambiant et atmosphérique. On n'est pas loin du néo prog électro, une piste qu'il serait intéressant de creuser.
L'EP de Gwënn, s'il apparaît quelque peu décousu, n'en demeure pas moins un témoignage d'un musicien qui aime expérimenter tout en gardant à l'esprit l'apport de chaleur organique de ses notes de guitares et l'importance des mélodies. Il constitue une jolie carte de visite pour l'artiste à l'identité affirmée et augure une belle seconde vie en solo remettant à long terme une retraite du monde musical.