Si certains disques cultivent le mystère par des pochettes hermétiques ou des titres abscons, ce n'est pas le cas de la nouvelle production de Darryl Way : le titre, "Destinations", et la pochette, un avion volant au-dessus des nuages vers un beau coucher de soleil, annoncent clairement le voyage auquel nous invite Darryl Way.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas ou qui l'auraient oublié, Darryl Way est le co-fondateur de Curved Air, un groupe mélangeant rock progressif et folk. Violoniste de formation, il ajoute rapidement de nouvelles cordes à son arc en se révélant également doué pour les claviers et la guitare.
Point de rock progressif à la Curved Air sur "Destinations". L'album, entièrement instrumental, décline la même recette sur les dix titres : un instrument soliste, le plus souvent la guitare et le violon, les claviers de façon plus épisodique, entonne une mélodie sur une trame rythmique bien en place et étoffée. Chaque titre déroule un ou deux thèmes, les instruments solistes se relayant régulièrement pour les interpréter. Les airs sont pour la plupart enlevés et légers, presque dansants pour certains, plus rarement mélancoliques.
Aucune complexité donc à attendre de cette musique easy listening consommable immédiatement. L'intérêt de l'album réside surtout, outre la qualité de l'interprétation, dans la variété des ambiances proposées : chaque titre est une carte postale représentative d'une atmosphère souvent cinématique. On se représente aisément la vie trépidante de L.A. au son des sirènes de police et des claviers cuivrés de 'Downtown LA' ou la nonchalance d'un été à bronzer sur une plage des Caraïbes ('Antigua Bay'), on se voit chevaucher sa moto cheveux au vent sur une route américaine droite comme un i ('Freedom Road'), on imagine cette longue fille brune dansant pieds nus une danse endiablée sur une musique venue d'Amérique latine ('Riviera Blue'). 'A Rainy Day in Vienna' est doux et mélancolique comme un jour de pluie, romantique avec son violon presque classique (on est à Vienne quand même). 'The Wild West' quant à lui porte bien son nom, semblant sortir tout droit d'un western dont la BO serait signée Ennio Morricone.
S'il est dépaysant, "Destinations" frôle aussi la musique d'ambiance, de celles qui passent aisément inaperçues derrière une conversation animée entre amis. Agréable à écouter, cet album a cependant peu de chance de laisser un souvenir impérissable.