Traumhaus est un groupe ancien (création : 1994) mais peu prolifique, puisqu’il livre avec "In Oculis Meis" son quatrième opus, présenté pour la première fois en édition vinyle et dans un double format anglais et allemand. Ce n’est pas la seule nouveauté, puisque l’intégralité de la section rythmique a été renouvelée, imprimant un ton résolument plus métallique à leur style jusque-là plutôt orienté néo-progressif.
Cette irruption des guitares mordantes alourdit naturellement le propos, d’autant que Traumhaus ne ménage aucun répit dans cet album dense (hormis l’introduction très néo-classique au piano), avec une tonalité plutôt rude qui s’accommode assez bien de la version allemande. Heureusement, Traumhaus a du métier : les recettes du prog sont soigneusement appliquées, avec ce qu’il faut de variété tant dans la composition que dans les arrangements, usant de rappels de thèmes et de retour au point de départ dans les morceaux. 'Understand & Preserve' est par exemple un archétype du titre instrumental reprenant les codes du précédent 'Preserve & Understand', en exploitant une belle diversité qui en fait un titre attachant. Les refrains sont souvent fédérateurs ('X-Ray The Darkness'), parfois un peu faciles ('So Many Ways'), volontiers choraux. Alexander Weyland (chant, claviers), leader du groupe et seul rescapé de la formation d’origine, possède un timbre plutôt neutre proche de celui du chanteur Simen Valldal Johannessen du groupe norvégien Oak, et délivre une partition assez sobre, sauf lorsqu’il monte en voix de tête, pour un résultat maîtrisé mais contestable.
Tout au long des huit plages, Traumhaus parvient à maintenir un équilibre entre les parties chantées et les instrumentaux. Il y a du Arena dans ceux-ci, autant dans la manière qu’a Alexander Weyland d’utiliser le Mellotron dans des arrière-plans à tendance angoissante comme Clive Nolan, que dans la façon qu’a Tobias Hampl dans l’exécution de ses soli de guitares, assez proches de la manière de John Mitchell (en moins subtil). Tout cela donne un disque sans réelle faiblesse, mais sans grande originalité, dont l’écoute se fera sans difficulté pour ceux qui ne sont pas allergiques aux guitares vroum-vroum.