Même s'il est canadien d'origine, c'est avec une précision de coucou suisse que Rick Miller vient régulièrement nous livrer ses productions. C'est donc sans surprise que sort en cette année 2020 "Belief in the Machine" qui succède deux ans après à "Delusional".
Par le passé, nous avons souvent évoqué les influences de Pink Floyd sur les compositions de Rick Miller et celles-ci se retrouvent immédiatement dans le bruit de machine introduisant le premier morceau, 'Correct to the Core', rappelant irrésistiblement l'introduction de 'Welcome to the Machine' dont le titre lui-même fait écho à celui de l'album. Néanmoins, au fil des ans, ces influences se sont estompées pour ne subsister que dans la voix feutrée de Rick Miller, au faux air de celle de Gilmour, et dans quelques solos de guitare de signature floydienne.
C'est à peu près tout ce qu'il reste du groupe londonien, Rick Miller ayant au fil des ans pris une certaine distance, ce dont nous ne pouvons que le féliciter. Malheureusement, cette indépendance débouche sur des compositions souvent bien plates, dénuées d'émotion comme de surprise. Pour exemple, les onze minutes de 'Correct to the Core' auraient facilement pu être résumées à deux ou trois pour ce que le morceau avait à dire et l'auditeur s'ennuie ferme bien avant la fin. De même, 'The Trial', l'autre long titre qui ferme l'album, se perd sur sa première moitié en une multitude de breaks et effets atmosphériques sans grand intérêt avant de poursuivre sur la deuxième partie par une chanson banale se terminant par un horrible fade out.
Entre les deux s'intercalent quelques titres mid-tempo sans saveur ('The Land and The Sea', 'The Need to Believe', 'Binary Breakdown') et d'autres plus agréables sans être inoubliables. Ainsi la flûte bucolique des deux parties de 'That Inward Eye', le violoncelle grave de 'Prelude to the Trial', les effets atmosphériques légèrement angoissants de 'Media Gods (Including The Awakening)' ou la simplicité efficace du titre éponyme viennent gentiment titiller l'attention de l'auditeur.
Ils ne suffisent cependant pas à empêcher l'album de sombrer dans une monotonie et un manque de rythme évidents. Nourri de mélodies anémiques et dépourvu de surprises et d'émotion, "Belief to the Machine" n'arrive jamais à captiver son auditoire.