REALISEA: Mantelpeace (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Si le nom de Brian de Graeve ne vous évoque pas grand-chose, celui de Silhouette vous parlera peut-être plus. Silhouette est un groupe de néo-progressif dont le dernier album en date, "The World is Flat and Other Alternative Facts" (2017), avait recueilli un écho positif chez Music Waves. Brian de Graeve, membre fondateur de Silhouette, se lance ici dans un autre projet, nom de code Realisea. Un projet qu'on pourrait qualifier de familial. D'une part parce qu'outre Brian, on trouve dans la famille de Graeve Marjolein, son épouse, et Geoffrey et Duncan, ses fils. D'autre part parce qu'aux côtés du cocon familial, on trouve plusieurs musiciens ayant joué au sein de Silhouette.

Néanmoins, si le socle est le même, Realisea n'est pas Silhouette. D'abord parce que les compositions sont plus directes, moins progressives que celles du premier groupe de Brian de Graeve. Les seuls titres se rattachant réellement au (néo-)prog par leurs changements de thème et leurs breaks sont 'Circles of Silence' et 'Our Stage'. Les autres morceaux adoptent souvent le format de "simples" chansons, ce qui n'est nullement un reproche en soi, surtout quand les compositions sont aussi plaisantes que sur cet album, bénéficiant d'une orchestration ouverte et soignée et d'une production limpide. Sans complexité particulière, 'Las Vegas Lace', 'Strong Enough' ou 'Leave Street' n'en sont pas moins extrêmement agréables à écouter.

De nombreux instruments exogènes viennent renforcer le quintet chant/guitare/basse/claviers/batterie : outre la flûte charmeuse et bucolique de Marjolein de Graeve, violons, clarinette, cor d'harmonie et même une harpe viennent ajouter de délicates touches à une musique empreinte de légèreté mais qui ne manque pas pour autant de dynamisme. Pratiquement chaque titre a droit à son petit solo de guitare pour lequel un invité différent officie.

Autre particularité de l'album, Brian et Marjolein de Graeve se partagent le chant à tour de rôle. "Mantelpeace" alterne donc les titres chantés par une voix féminine et ceux interprétés par une voix masculine, celui qui n'a pas le chant lead sur un titre se chargeant alors des chœurs et contre-chants. Seuls 'Strong Enough' et le superbe 'Liquid Domino' brisent cette règle, les deux époux intervenant chacun pour moitié de ces titres sans qu'on puisse réellement parler de duo.

Paradoxalement, le point faible de l'album se situe au niveau du chant, Brian de Graeve s'avérant un chanteur dépourvu de coffre et de charisme. Certes, son timbre n'est pas désagréable mais il semble bien léger pour porter des compositions dont le souffle romantique méritait mieux. Et ce mieux, c'est Marjolein qui l'apporte d'une voix douce au timbre voilé, délicieusement suave. Non seulement elle magnifie tous les titres qu'elle interprète en lead, mais elle réussit aussi à faire oublier par ses harmonies le côté un peu juste de la prestation de son mari sur les titres où elle n'est que choriste.

C'est dommage car le charme que dégage "Mantelpeace" retombe un peu un titre sur deux. Allez, Brian, vous avez fait la moitié du chemin, pour le prochain album, laissez le chant à Marjolein et nous n'aurons plus aucune réserve pour vous accorder la note maximale.

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