Si le nom de Tommi Salmela, dit Tuple, ne vous évoque rien, il n'y a pas là à avoir la honte de votre vie. En effet, le bonhomme est essentiellement connu pour être le chanteur de Lazy Bonez et pour sa participation à Raskata Joulua, formation finlandaise reprenant des chants traditionnels de Noël à la sauce métallique. Pourtant, si ces deux formations ne peuvent être considérées comme incontournables, l'ami Tuple s'est néanmoins forgé une belle réputation en prêtant main forte à des pointures telles que Tarot (où il assure les chœurs et les samples), ou Amorphis. Voilà qui vous fait changer de dimension ! Il n'est donc pas surprenant de constater que pour son premier album solo, le chanteur puisse compter sur une brochette d'invités prestigieux, attirant ainsi les projecteurs sur la sortie de ce "Wooden Box".
Ayant dépassé la cinquantaine, Tuple offre ici un opus tournant autour du concept de sa propre existence qu'il narre au travers de onze titres dont les paroles sont aussi authentiques et personnelles que les mélodies sont accrocheuses et envoûtantes. Car si le mystère sur la qualité de cet album est rapidement défloré, c'est que la surprise est aussi inattendue qu'enthousiasmante. Dans une tonalité générale très AOR et aux effluves 80's, Tuple n'hésite pas à franchir la frontière du hard mélodique le temps d'un 'Demon Alcohol' au riff rappelant Treat, ou d'un 'In These Altitudes' typiquement scandinave sur lequel Zachary Hietala (Tarot) vient poser un superbe solo au milieu de passages flirtant avec le metal symphonique. Quant à 'Rocking Chair', il est une démonstration de la maîtrise du chanteur dans les aigus où il fait preuve d'une puissance à même de traduire l'énergie du désespoir d'un regard en arrière sur son existence en forme de bilan mélancolique.
Parmi les autres titres privilégiant les mélodies AOR finement ciselées mais toujours énergiques, il ne faudra pas passer à côté du mid-tempo 'Together' aux effluves de Journey et au solo aérien, et de son petit frère 'Fucking Beautiful' aux belles harmonies de guitares et au refrain imparable. Avec 'Kryptonite', le Finlandais tient une véritable bombe mélodique portée par une basse massive et des chœurs fédérateurs. 'Too Far Gone' se fait rapide et tendu, rappelant à nouveau Journey avec un nouveau refrain hyper catchy et des claviers majestueux avant que 'Miracle' ne lève le pied pour nous plonger dans les 80's où il aurait été digne de la B.O. d'un Rocky. Enfin, 'Get With The Program' traite avec humour, dérision et énergie des excès du star-system en s'appuyant sur des guitares tranchantes. Alors que le titre éponyme avait lancé les hostilités avec un riff imparable et un parfait équilibre entre modernité et hommage au 80's, 'Pretty Much Perfect' vient les clôturer sur presque sept minutes évoluant d'une ballade vers un final majestueux et symphonique, progressant dans une ambiance cinématique.
En 48 minutes, la messe est dite ! Avec cette œuvre autobiographique, honnête et captivante, Tuple déclenche un enthousiasme incontrôlable, parfait hommage aux racines d'un style qu'il réussit néanmoins à ancrer dans son époque. Tommi Salmela trouve ici l'équilibre entre mélodie et énergie, et entre mélancolie et bonne humeur. Entouré d'une véritable dream team du metal finlandais à toutes ses sauces aux airelles, le Finlandais dévoile enfin son talent en pleine lumière et la suite de ses aventures est désormais attendue avec impatience. En attendant, il y a fort à parier que "Wooden Box" va squatter les platines des amateurs du genre pendant la période estivale et voire plus.