Avec la paire constituée par "Sons And Fascination" et "Sister Feelings Call" en 1981, le succès a commencé à sourire à Simple Minds. Les singles ‘Love Song’ tiré du premier nommé et ‘The American’ extrait du second ont figuré honorablement dans les charts de différents pays. Quant à la tournée en Australie en compagnie de Icehouse, elle a carrément tourné au triomphe. Pourtant, le quintet écossais doit faire face à son premier changement de line-up avec le départ du batteur Brian McGee. Son remplaçant, Kenny Hyslop ne fera qu’un passage éclair, juste le temps d’enregistrer ‘Promised You A Miracle’, titre inspiré par l’enthousiasme généré par la fameuse tournée aux antipodes. Alors que Mike Ogletree entre en studio pour les sessions d’enregistrement du nouvel opus, son style ne convainc pas ses collègues avec lesquels il ne participe finalement qu’à trois titres avant d’être à son tour remplacé par un certain Mel Gaynor.
Mais "New Gold Dream", c’est bien plus qu’une simple histoire de chaises musicales derrière la batterie de Simple Minds. C’est avant tout le premier sommet de la discographie du combo de Glasgow et un véritable album charnière dans sa carrière. Si l’identité du groupe est toujours reconnaissable, la cold wave expérimentale des débuts s’efface en grande partie derrière une new wave plus accessible et commerciale, sans que ce terme ne soit utilisé sous une quelconque forme péjorative. Les deux premiers singles (‘Promised You A Miracle’ et ‘Glittering Prize’) intègrent des éléments pop-rock leur conférant une énergie positive que viennent confirmer des refrains hyper catchy. Le succès sera au rendez-vous sur les ondes pour ces deux morceaux qui s’intègrent parfaitement à la qualité globale d’un opus qui enchaîne les titres comme pour un collier de pierres précieuses finement taillées.
Entre l’envoûtant ‘Someone Somewhere In Summertime’, riche et mélancolique, et le sombre et tout aussi captivant ‘King Is White And In The Crowd’ qui clôture l’ensemble sur près de sept minutes, les Ecossais nous font voyager au travers de paysages le plus souvent aériens et mélancoliques mais ne sombrant jamais dans la dépression. L’ambiance brumeuse de ‘Big Sleep’, l’instrumental planant ‘Somebody Up There Likes You’ et l’entraînant titre éponyme avec sa montée progressive en intensité représentent le cœur d’un opus qui ne relâche jamais sa douce étreinte. Nous noterons également un invité de marque en la personne d’Herbie Hancock qui offre un solo jazzy sur le subtil et expérimental ‘Hunter And The Hunted’. Au milieu des nappes et ritournelles concoctées par les claviers de Michael MacNeil, Jim Kerr est un véritable maître de cérémonie captivant l’attention de l’auditeur pendant que Charlie Burchill distille avec précision les interventions lumineuses et que Derek Forbes offre de belles lignes de basses dynamiques.
C’est donc le premier sans faute du quintet de Glasgow qui marque clairement son territoire. Le succès commercial sera à la hauteur de celui des critiques et permettra à Simple Minds de changer de dimension. "New Gold Dream (81/82/83/84)" est à la fois un incontournable de la discographie du groupe, mais également de la new wave, et même du pop-rock en général. La suite prouvera que Jim Kerr et sa bande seront régulièrement capables de se renouveler sans se trahir pour autant, au point de réussir à traverser les décennies et d’obtenir le statut de formation culte. Pour cela, cet opus est également à considérer comme le véritable début de la légende écossaise.