Un trio norvégien originaire d'Oslo doté d'un chanteur à la voix pure et mélancolique, cela vous dit quelque chose ? A-ha, répondront les meilleurs élèves. Eh non, la bonne réponse était Dim Gray. Si les trois membres qui le constituent ne sont pas nés dans la capitale norvégienne, c'est là qu'Oskar Holldorff (chant, claviers), Håkon Høiberg (chant, guitare) et Tom Ian R. Klungland (batterie) se sont rencontrés et ont décidé de former un groupe en 2012. Huit ans de gestation ont été nécessaires pour sortir leur premier album, "Flown". Une durée efficacement mise à profit.
Car "Flown" s'avère une petite pépite d'art rock avec ses mélodies ciselées, sa diversité et son inventivité. Baignant dans une mélancolie séduisante distillée par le double effet du timbre d'Oskar Holldorff, naturellement émouvant, et de compositions douces-amères, l'album ne sombre toutefois pas dans l'apathie, sachant maintenir l'intérêt par de constantes évolutions et zébrer son atmosphère intimiste d'éclairs de guitare et de grondements de batterie. Les moments de calme sont ainsi régulièrement électrisés par de brusques bouffées de fureur, à la façon d'un Pain of Salvation, toutes proportions gardées quand même, "Flown" n'ayant rien de metal.
L'album est même souvent teinté d'un caractère intimiste, voire minimaliste, notamment sur sa section centrale (de 'Wandering' à 'Song for E.') où s’enchaînent piano/voix, guitare acoustique/voix et instrumentaux évanescents (guitare solo pour 'Flown' et 'Yore' aussi expérimental que fantomatique). Mais Dim Gray a l'intelligence de ne pas s'enfermer dans un style trop réducteur et varie les atmosphères, passant d'une pop travaillée façon A-ha (on y revient !) sur 'The Wave We Thought We'd Ride Forever' à une fusion country/post rock ('Closer') ou mélangeant western crépusculaire, passage bruitiste et gigue folklorique ('Dreamer's Disease') pour un résultat aussi original que convaincant.
"Flown" s'avère donc plus que réussi et séduisant pour un premier galop d'essai. Tout à la fois mélancolique, varié et inventif, l'album distille un art rock que l'on aimerait entendre plus souvent.