BLACK STONE CHERRY: The Human Condition (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Depuis "Magic Mountain" (2014), Black Stone Cherry est devenu une machine bien huilée qui n’hésite pas à offrir un disque tous les ans ou presque. Entre les albums originaux et les EP de reprises, le quatuor du Kentucky ne laisse jamais ses fans à court de munitions. "Family Tree" (2018) semblait avoir définitivement assis la formation sur les sommets du renouveau du rock sudiste avec une identité protéiforme guidée par la voix grave et éraillée de son leader. Dans les conditions particulières dictées par la situation sanitaire actuelle, les quatre amis se sont réunis dans le studio du bassiste Jon Lawhon pour enregistrer leur nouvel opus avant le confinement. Le résultat est un "The Human Condition" qui transpire l’urgence, mais également la remise en question comme vous allez pouvoir vous en rendre compte.

"People, people, your attention please ! I need to tell you all about a new disease". En cette période si particulière, ces paroles qui lancent le premier titre, ‘Ringin’ In My Head’, résonnent avec force. Pourtant, c’est de l’industrie musicale dont il s’agit ici et Chris Robertson et sa bande lui glissent un bon gros tacle, du genre qui ne leur permettrait pas de terminer un match de soccer sur la pelouse. Mais au-delà des mots, c’est le véritable bulldozer mélodique qui écrase tout sur son passage qui marque les esprits. Certes, Black Stone Cherry n’a pas l’habitude de faire dans le rock atmosphérique et la délicatesse n’est pas sa principale qualité. Pourtant, sur cet opus, il prend un virage particulièrement heavy qui, allié à un sens de la mélodie accrocheuse et du refrain efficace, n’est pas sans rappeler ce que les cousins canadiens de Nickelback ont pour habitude d’offrir.

Qu’ils soient groovy (‘Again’ ou ‘The Chain’) ou qu’ils misent tout sur une puissance dévastatrice (‘Push Down & Turn’ et ses paroles personnelles traitant des anxiétés de Chris Robertson, ou le très grungy ‘The Devil In Your Eyes’), nombreux sont les titres aux effluves dignes du gang des frères Kroeger. Même quand il lève le pied sur le mid-tempo ‘When Angels Learn To Fly’ ou la power-ballad ‘If My Heart Had Wings’, Black Stone Cherry semble avoir taillé ses chansons pour qu’elles viennent concurrencer celles des natifs de l’Alberta. Attention, nous ne sommes pas non plus dans une tentative de plagiat éhontée, d’autant que certaines pièces s’éloignent de cette comparaison parfois embarrassante. C’est particulièrement le cas de ‘Live This Way’ et ‘Ride’ avec leurs riffs hard rock, celui du second nommé étant carrément old school, ou du plus léger et presque naïf ‘Keep On Keepin’ On’ très réussi. A noter également la reprise du ‘Don’t Bring Me Down’ d’Electric Light Orchestra qui bénéficie ici d’une version très personnalisée à la sauce sudiste avec une touche très ZZ Top et des guitares fuzzy jouissives.

Peut-être un peu trop formaté, bien que marqué par un sentiment d’urgence évident, "The Human Condition" voit Black Stone Cherry opérer un virage résolument heavy qui, s’il lui sied bien et lui apporte une puissance et une efficacité sans faille, l’éloigne néanmoins des nuances qui faisaient la richesse de "Family Tree". Il reste désormais à voir si Robertson et sa bande vont continuer dans cette voie ou si cette expérience n’est finalement qu’une preuve supplémentaire de l’ouverture d’esprit du quatuor dont l’authenticité ne peut toujours pas être remise en cause.

BLACK STONE CHERRY

THE HUMAN CONDITION

MASCOT LABEL GROUP

ROCK