Après avoir enchaîné rapidement ses trois premiers albums entre 1997 et 2000, Newman a levé le pied, même si "Heaven Knows" est tout de même son cinquième opus en neuf ans d'existence. Alors qu'il assurait déjà le chant, la guitare et les claviers, en plus de la composition et de la production, Steve Newman a finalement décidé de prendre également la basse en charge, n'étant désormais accompagné que par le seul Rob McEwen à la batterie. Autant dire que ce projet mérite de plus en plus de porter le nom de son géniteur. "Sign Of The Modern Times" (2003) avait affirmé la marque de fabrique du Britannique, celle d'un hard mélodique mariant classe et énergie tout en flirtant régulièrement avec l'AOR. Trois ans après la réussite de cet opus, le talentueux Anglais continue-t-il à creuser le même sillon ?
La réponse est oui ! Mais s'il n'y a que peu de surprises sur "Heaven Knows", ce dernier n'en est pas moins une nouvelle confirmation du talent de son auteur. Le titre éponyme et ‘Higher’ lancent d’ailleurs les réjouissances sur des bases hautement recommandables pour tous les amateurs de mélodies énergiques. La guitare est en feu, prouvant au passage que Steve Newman est loin d’être un manche en la matière, tout en laissant suffisamment de place aux claviers. Il est d’ailleurs à noter que la production est claire et équilibrée, laissant chaque instrument s’exprimer comme il le mérite. Les refrains sont imparables et le tempo est élevé. Ces éléments se retrouvent régulièrement sur plusieurs autres pépites à la dynamique contagieuse telles que ‘Move On’, ‘The Circle’ ou le teigneux ‘This Time’. ‘Wait’ se fait un peu plus surprenant avec ses touches popisantes et un riff légèrement syncopé sur les couplets. Quant à ‘Sport Of Kings’, composé avec Anders Rydholm (Grand Illusion) qui y assure également les lignes de basse, il allie une ambiance cinématique à une puissance presque heavy. Dommage qu’un final en fade-out laisse une frustration qui gâche un peu l’ensemble.
Lorsqu’il lève le pied de la pédale de droite, Newman offre quelques belles pièces finement ciselées qui empruntent plus les chemins AOR. Le mid-tempo ‘Ain’t Gonna Cry Forever’ se fait rutilant et classe, toujours doté d’un refrain accrocheur, tout comme son faux-jumeau ‘Never Meant To Fall In Love’. ‘The Way You Love Me’ plonge un peu plus dans une forme de mélancolie aérienne, alors que ‘Learning To Live‘ et ‘On Any Other Sunday’ sont les représentantes des incontournables ballades. Dans un style plus power, la première s’appuie sur une ligne de basse qui lui confère une dynamique évitant le larmoyant classique pour ce genre artistique. De son côté, la seconde vient clôturer l’ensemble dans une ambiance acoustique et apaisante, confirmant l’absence définitive de faux-pas.
Sans révolutionner son style, Newman n’en confirme pas moins son talent ainsi que son identité déjà forte. "Heaven Knows" est un nouvel album sans faille maintenant un niveau qualitatif et d’exigence qui semble devoir distinguer son auteur au sein d’un paysage mélodique encombré de nombreuses formations qu’il est parfois difficile de distinguer les unes des autres. Voici sans aucun doute la preuve que son auteur mérite de trôner sur ses sommets en digne leader d’une scène britannique qui semble préférer la qualité à la quantité.