THE FLOWER KINGS: Islands (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

2020 restera définitivement marquée comme l'année de LA pandémie mondiale. Cause de centaines de milliers de morts et paralysant l'économie planétaire, ses conséquences sont multiples et désastreuses. Pourtant, comme le dit le proverbe, "à toute chose, malheur est bon". Ainsi, réduit au chômage forcé faute de pouvoir s'exprimer sur scène, The Flower Kings nous revient plus tôt que prévu, un an à peine après "Waiting for Miracles", avec un double album gorgé de musique.

Le disque s'intitule "Islands", un titre renvoyant au thème de l'isolement dont traite ce nouvel opus, un thème forcément inspiré de cette drôle de vie que nous impose ce foutu virus. Pour l'illustrer graphiquement, The Flower Kings s'est offert les services de Roger Dean dont les îles de la pochette flottant dans l'air rappellent celles ornant le triple "Yessongs", comme la musique des Suédois rappelle souvent celle du groupe de Jon Anderson.

Avec 92 minutes de musique en vingt-et-une chansons (même si Roine Stolt prétend que l'album n'est qu'un long epic découpé en 21 parties, ce qui ne ressort guère à l'écoute), c'est à un festin plantureux auquel nous sommes conviés. Des titres plutôt courts (un seul dépasse la barre des six minutes) sur lesquels The Flower Kings prouve avec une aisance magistrale qu'il n'est pas nécessaire de faire long pour sonner progressif. Car la diversité est au rendez-vous, invitant une multitude de thèmes gorgés de feeling à la fête durant cette heure et demie d'écoute, et même les titres les plus courts sont capables d'enchaîner plusieurs thèmes avec une fluidité désarmante, comme le démontre avec maestria le titre d'ouverture, 'Racing With Blinders On'.

"Islands" contient tout ce qui a fait la renommée du groupe : le sens inné de la mélodie, une diversité étonnante tout en conservant un caractère homogène à l'ensemble, la richesse des arrangements, la virtuosité des musiciens, la qualité de la prise de son… l'écoute de cet album comblera de bonheur tous ceux qui sont tombés dans la marmite du rock progressif des origines, ce bon vieux rock seventies indémodable frappé du sceau des Yes ('From the Ground', 'All I Need is Love', 'Hidden Angles'), Genesis ('Black Swan'), ELP ('Broken'), Caravan ('Racing With Blinders On') et autres Queen ('Black Swan').

Malgré la thématique, l'ensemble sonne plutôt optimiste, et parfois même solaire, même si quelques titres sont plus sombres ('Broken', 'Serpentine', son mantra et son superbe saxophone, 'Looking for Answers', 'Telescope'). Mais 'Islands' clôt l'album en apothéose sur une note clairement optimiste. Les instruments disposent de nombreux espaces pour s'exprimer, que ce soit au travers de titres purement instrumentaux ou dans des chansons offrant de beaux solos de guitare ou de claviers. Si le rock progressif domine le disque, The Flower Kings ne dédaigne pas quelques détours vers la pop ('Morning News', 'Between Hope & Fear'), le funk ('Tangerine') et même le hard rock ('Fool's Gold').

Evidemment, sur une telle durée, "Islands" n'évite pas quelques moments moins denses, notamment dans la deuxième moitié du premier disque. Mais en dehors de cette générosité coutumière au groupe qui risque de perdre par moments l'attention de l'auditeur, il s'agit une fois de plus d'un très bel album, varié, fourni, rempli d'une foule de détails, garni de superbes passages de guitare, de claviers, de basse, avec une batterie inventive. The Flower Kings s'affirme, une fois de plus, comme le plus beau fleuron de la sphère progressive.

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