Alors qu’il semblait lancé sur les rails du succès, Freak Kitchen explose en plein vol avec les départs combinés de Christian Gronlund et Joakim Sjoberg qui laissent Mattias Eklundh seul à bord. Mais le bonhomme a de la suite dans les idées et des relations. Il ne tarde donc pas à remettre son bébé à flot avec l’aide de deux amis, Christers Örtefors s’emparant de la basse et Björn Fryklund s’installant derrière la batterie. Du coup, ce qui avait commencé comme un drame se transforme en un véritable vent de fraîcheur.
En effet, la pop-métal-fusion qui a fait la réputation de Freak Kitchen se retrouve jouée avec enthousiasme et dynamisme, à la fois plus métallique et plus expérimentale, le tout étant toujours porté par le style original et inimitable d’un "IA" toujours déchaîné derrière sa six-cordes. Les évolutions se trouvent dans des riffs lourds et agressifs ("Propaganda Pie") qui ne sont parfois pas sans rappeler Metallica ("Maggots Of Corruption"). Celui du "Razor Flowers" interprété par Christers Örtefors n’est pas parmi les plus tendres non plus, même s’il se joint à la cohorte des titres alternant couplets lourds et refrains plus pop. Ces derniers sont d’ailleurs irrésistibles la plupart du temps ("Porno Daddy").
Cette caractéristique du refrain qui trottine dans votre tête pendant de nombreuses heures est également systématique pour les titres les plus légers tels que le single "Nobody’s Laughing" ou un "Seven Days In June" faisant office de pause en milieu d’album. Il faut dire que Mattias et sa bande nous attaquent de tous les côtés, parfois cinglant ("Snap"), dégainant un démentiel solo en tapping par-ci ("Humiliation Song"), utilisant un téléphone mobile par-là ("Heroin Breakfast"), traitant d’un sujet glauque sur un rythme syncopé ("Porno Daddy"), ou nous balançant un riff à la fois gras et déstructuré ("Hateful Little People") , il ne nous épargne rien. Et s’il faudrait être malade pour se plaindre d’une telle orgie, les moments plus légers font office de respiration permettant à l’ensemble de tenir l’auditoire en haleine de bout en bout.
"Move" est donc à l’image de son leader, talentueux et imprévisible, et il se positionne comme l’un des (le ?) meilleur album de Freak Kitchen. A la fois surprenant et addictif, il accroche l’attention dès son premier riff pour ne la relâcher qu’à la fin de son dernier titre ("The Wrong Year") et réussit le tour de force d’installer une nouvelle dynamique à Freak Kitchen tout en en gardant les principales caractéristiques du style imposé par le groupe depuis ses débuts. Absolument irrésistible car comme le dit si bien le groupe : "That’s Entertainement !".