Chasser les lumières, rechercher les spots, l'attention, tel est le credo des artistes et des musiciens pour attirer l'attention du public, des médias... C'est aussi le nom du premier EP de Alitsh, bassiste de formation et multi-instrumentiste qui a fait partie de plusieurs groupes avant de se lancer dans un projet personnel. Le pari est risqué dans une industrie qui a connu en quelques années une forte évolution avec un rapport des auditeurs avec la musique qui a profondément changé, en raison notamment d'une digitalisation et d'une accessibilité très forte. Aujourd'hui beaucoup écoutent de la musique avec parcimonie et les EP semblent devenir une norme permettant de s'adapter à cette façon d'écouter un album. Si l'accessibilité a permis à des musiciens de toucher des personnes qui ne pouvaient pas l'être il y a une dizaine d'années, le revers de la médaille est que cette démocratisation a considérablement augmenté le nombre de musiciens présents sur le net et rendu difficile le fait de se démarquer.
Mais ce risque, Alitsh le mesure parfaitement puisque la composition, l'apprentissage des instruments font partie de lui depuis longtemps. Et pour se démarquer, le musicien tente l'aventure purement instrumentale avec un mélange entre instruments organiques et numériques. Si les boucles créées ainsi peuvent paraître manquer un peu de chaleur, Alitsh compense cette impression en y greffant des guitares et basses, permettant d'atténuer cette froideur.
"Chasing Lights" se veut donc une sorte de carte de visite, comme souvent pour un premier essai, permettant à l'artiste de montrer l'étendue de ses talents. Et Alitsh n'en manque pas, avec en premier lieu un certain instinct pour la mélodie. Après une très courte introduction, 'Endless Road' accueille l'auditeur du haut de ses cinq minutes alternant passages nerveux avec une basse mise en avant et mouvements plus calmes et atmosphériques qui prennent le dessus jusqu'à la fin. Le titre est une sorte d'exercice de style relativement bien développé. Cet aspect ne sera hélas pas repris sur les prochains morceaux beaucoup plus courts qui laissent une impression un peu mitigée et surtout quelques regrets de ne pas les voir se prolonger un peu plus comme le très mélancolique 'Far Away' dont la fin arrive un peu trop tôt.
Ce léger défaut ne vient cependant pas ternir le plaisir d'écoute provoqué par le nerveux 'The Bridge' à la guitare tranchante et variée ou le très dream theaterien 'Breakthrought" où Alitsh pousse un peu plus sa technique avec du shred et des moments plus apaisés et aériens presque progressifs, avec toutefois des cassures un peu trop abruptes, peut-être à cause d'un cahier des charges qui enferme un peu les compositions dans un timing précis.
Malgré ces quelques bémols, ce premier EP est une intéressante démonstration d'une belle capacité mélodique qui reste à confirmer pour un prochain EP voire album sous forme classique. Si Alitsh parvient à se libérer du carcan du timing, à canaliser son énergie en apportant un sursaut organique et peut être plus world, alors il sera promis à un très bel avenir qu'on ne peut que lui souhaiter.