Nouveau venu dans le paysage metal français, les quatre Parisiens de Wire Edge ne font pas les choses à moitié. Fruit d’une réflexion profonde autant artistique qu’ontologique, "Workhouse Empire" est un premier album plutôt apparenté metal progressif sans concession.
Wire Edge affiche très clairement d’où il part et où il veut aller. En citant Tool et Mastodon comme influences, les Parisiens ne mentent pas et avec un album dense et complexe, ils indiquent qu’ils ne s’imposeront aucune censure dans leur écriture. Tool et Mastodon, deux groupes à la personnalité unique, souvent copiés et rarement égalés, sont des inspirations qui marquent leurs cibles. C’est sans surprise que l’on retrouve certains codes de l’un, dans les lignes de basse (‘Coat Of Lies’, ‘Vulture King’s Head’), les combinaisons rythmiques ou les déflagrations (‘End Of The Road’), et la vitalité ou les enchevêtrements de l’autre (‘Empire’, la fin de ‘Mountains to Defeat’). Les stigmates de leur empreinte au fer rouge sont difficiles à masquer, surtout dans un premier album, et "Workhouse Empire" ne fait pas exception.
Heureusement ce disque n’est pas uniquement constitué de cette matière hybride produite par l’ensemble des fondamentaux des musiciens. L’originalité du groupe se dégage ne laissant surnager que quelques traces de leur atavisme. C’est plus particulièrement évident avec ‘End Of The Road‘ qui fait partie de ces temps forts dans lesquels se mêlent une efficacité mélodique constante, des développements moins torturés qui ont plus de points communs avec le metal classique, et une exploitation totale du talent des musiciens en termes d’idées de riffs (‘Heart Locked’) et d’occupation de l’espace sonore (le judicieux jeu différencié à deux guitares de ‘Mountains To Defeat’).
"Workhouse Empire" est un disque de metal progressif difficile à aborder, traversé par une atmosphère sombre dont les reliefs n’émergent que lors de ponctuelles trouées dans la brume. Les musiciens ne simplifient pas non plus l’approche via le secteur vocal qui partage sa glaciale expressivité désincarnée avec la cold wave. L’attention entière et constante de l’auditeur est mise à rude épreuve par ces 66 minutes de musique exigeante et certains titres comme le puissant ‘Plans Within Plans’ dont on entend quelques réminiscences de Metallica, ‘Vulture King’s Head’ et l’instrumental ‘Workhorse’ parviennent difficilement à s’extraire du reste du disque pour ne laisser qu’un souvenir impressionniste.
Wire Edge est assurément une formation prometteuse qui accouche d’un premier album aux nombreux points positifs. Au-delà des quelques réserves fréquentes dans un premier album de metal progressif, le groupe maitrise techniquement son sujet, sait composer une partition complexe et respecte la dimension mélodique. Autant de qualités qui inscrivent Wire Edge dans le haut de la liste des formations françaises de metal progressif à suivre de près.