ARKAN: Lila H (DEATH METAL) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Inutile de vous présenter Arkan que nous suivons depuis 2008 et “Hilal” plus précisèment. Si le groupe a clairement vécu plusieurs vies, “Kelem” semblait marquer un virage avec des compositions plus âpres, sombres. Et en cette année 2020, les musiciens reviennent avec “Lila H”, un concept qui permet à Mus et Samir de livrer les souvenirs de leur enfance lors de la guerre civile en Algérie dans les années 90.

Un son brut habille ce nouvel album, même s’il semble plus progressif que ses prédécesseurs. Arkan y oscille ainsi entre colère, violence, mélancolie, douceur âcre et un certain apaisement. Le disque a de multiples visages. Il est parfois presque thrash (‘Black Decade’), faisant penser à Symphony X avec ses guitares lyriques (‘Dusk To Dawn’) ou fièrement techniques (‘Surrounded’) ; il est souvent complexe (‘Black Decade’) ou plus carré (‘Surrounded’) mais toujours très groovy. Ces multiples visages mélodiques sont mâtinés de couleurs chaudes qui même lorsque les instruments orientaux sont discrets font partie intégrante des compositions. Les refrains sont quant à eux, solides et entêtants. De plus les belles interventions d'une guitare dépouillée, le chant clair magnifique, les mélodies parfois envoûtantes (‘My Son’) ou hypnotiques (‘Relapse’) équilibrent le disque.

Le disque est à mi-chemin entre douceur et brutalité, notamment lorsque la voix caverneuse s’oppose à son pendant mélodique (‘Black Decade’) ou lorsque ces deux versions se complètent à la manière de Into Eternity ou Scar Symmetry (‘Seeds of War’). Ces oppositions appuient la brutalité et la terreur indicible liées au thème par des empilements de voix grunt et de chant clair. Heureusement, le disque est bourré d’espoir et d'humanisme lorsqu'il rend hommage aux enfants, premières victimes des conflits (‘Black Decade’, ‘My Son’) ou quand au bout d'un chemin musical douloureux, plane l'ombre ténue d'un apaisement (‘Resilience’).

“Lila H” est un véritable chef-d’oeuvre, une pépite, un album rare ! Il est parfois comparable dans les émotions qu’il suscite à un “The Wall” âpre ou à un “Operation: Mindcrime”... car entre colère âpre et mélodies douces, simples ou mélancolique, il offre des instants de grâce pure qui émeuvent sans détour. Sans démonstration technique et sans outrance, Arkan a trouvé la juste mesure de son identité et de son talent avec un disque fort et profond. “Lila H” est un album percutant plein d’espoir, car aussi profonde soit une blessure, elle guérit toujours même si elle laisse une trace éternellement visible.

ARKAN

LILA H

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