Il ne faut jamais se fier aux apparences. Celestial Burst, cette lumière venue du Ciel est un projet français imaginé par le Bordelais Alexis Lustenberger. Ingénieur informatique de profession - car hélas la musique ne peut pas toujours nourrir son géniteur -, Alexis est tombé dans la marmite en pinçant les cordes de sa guitare. Très vite, il a trouvé un refuge dans le rock et le metal progressif, jurant sur son bréviaire relié aux couleurs de Porcupine Tree, King Crimson, Opeth ou encore Genesis. C'est en 2020, année maudite par excellence, que le jeune homme décide de concrétiser un projet datant déjà de huit ans en réunissant un petit équipage composé de Xavier Richard (batterie), Sébastien Tibackx (basse), Margaux Serret (guitare) et deux autres personnages sur lesquels nous reviendrons plus bas.
Dans la grande tradition du rock progressif, ''The Maze'' nous offre une errance dans un labyrinthe sonore de 42 minutes de musique réparties en 6 étapes. La guitare est notre seul fanal dans ces ténèbres étoilées. Le rock et le metal progressif sont des canevas sur lesquels elle se taille la part du lion. Les ombres de Pink Floyd sur 'Obedience' où la guitare larmoie sa complainte au-dessus d'une batterie inexorablement chaloupée ou encore de Porcupine Tree planent au-dessus des compositions. Alexis muscle un peu son jeu, lâchant légèrement la bride d'une guitare metal pour retrouver ensuite quelques soli orageux ('The Maze', 'First Flight'). Toutefois, la batterie manque encore de déployer ses couleurs, la basse n'est pas très sonnante et Alexis, aidée de Margaux, retarde parfois les grandes envolées de guitare (par manque de confiance en soi ?) qui auraient mérité de servir de ponctuation à une explosion pourtant habilement annoncée.
Pour compléter l'habillage sonore, il nous faudrait évoquer la présence de deux autres passagers. La première, connue du grand public, est la pétulante Anneke Van Giesbergen, qui clôt l'album. Mais son rayonnement est éclipsé par celui d'une certaine Kenza Laala, chanteuse brune au visage marmoréen. Sa voix claire et envoûtante adoucit les paysages hallucinés d'Alexis Lustenberger ('The Place Where I Am Supposed To Be'). La comédienne lyonnaise apporte également un souffle dramatique en particulier sur 'Obedience' sur lequel elle s'enfonce dans une eau noire en répétant d'un ton détaché ''I'm drowning'' avant d'opter pour une voix de panthère sensuelle. Sur le titre éponyme, sa voix douce parfois dédoublée et légèrement mutine retient avec peine la fougue de la guitare.
"The Maze" est un concept album articulé autour des sensations d'une
jeune femme revenue à la vie dans un monde qu'elle ne comprend plus. Si
ce thème fantastique est alléchant, on aurait toutefois aimé profiter un
peu plus de l'ambiance anxiogène suggérée et un morceau même aussi beau
et apaisé qu' 'Anna' échoue à offrir un final digne de ce nom.
Si les influences sont parfois un peu trop criantes et si certains instruments tendent à manquer un peu de créativité, "The Maze" nous propose un voyage apaisant et revivifiant mais qui aurait mérité un peu plus de ténèbres. Ce premier album manque encore d'un souffle épique, mais le cœur bat malgré tout. Avec des guitaristes aussi adroits que souples et une chanteuse à la voix dorée, nul doute que l'édifice Celestial Burst devienne un château céleste dans un proche avenir.