Si Ghøstkid est un nouveau venu dans la sphère industrielle, en revanche ses effectifs sont déjà connus. Le général Sebastian Biesler rescapé d'Eskimo Callboy a recruté d'autres gradés comme Stanislas Czywill à la basse, (Ressurection Of Hate), Steve Joakim (batterie) et Danny Güldener (Ressurection Of Hate) pour mener a bien sa nouvelle mission. Nom de code Ghøstkid comme vous l'aurez deviné sous la direction d'un état-major présidé par Sky Van Hoff (Rammstein, Emigrate).
La première piste 'Føøl' n'augure rien de bon. Si les guitares et la session rythmique prennent l'auditeur entre deux feux, le chant vociférant, énervé mais à la longue lourdingue et artificiel nous dirige vers Slipknot (même si en tendant bien l'oreille, on peut saisir quelques subtilités qui n'apparaîtront qu'après plusieurs écoutes). Difficile de statuer sur la suite du plan après ce premier morceau qui s'il n'est pas musicalement raté manque cruellement d'originalité. D'autant qu'à la genèse de ce projet, le chanteur initial avait claqué la porte et Sebastien Biesler avait dû reprendre le micro, contraint et forcé. Il aurait pu être tentant pour un chroniqueur malhonnête de replacer sa plume dans l'encrier et partir écouter Marilyn Manson, Fever 333 et Bring Me Horizon (influences revendiquées par Sebastian Biesler) mais ce n'est pas le genre de la maison. Car difficile de le croire, mais Ghøstkid va se dérider après ce premier titre. L'enfer étant pavé de bonnes intentions, celles-ci vont se montrer percutantes. Comme le groupe le confesse dans sa revue de presse et en partie sur la pochette de l'album, Ghøstkid montre les dents tout en nous caressant mélodiquement. Sebastian Biesler a mélangé dans son shaker rythmique du metalcore, de la pop, du metal, de l'indus et après avoir généreusement secoué, nous laisse consommer son cocktail explosif. S'il n'est pas le premier à faire coexister chant clair/chant hurlé, chaos/calme, lumière/ténèbres, on ne peut qu'approuver cette alchimie réussie. 'You And I' illustre parfaitement cette tendance bipolaire, pop et metal énervé se toisant l'un l'autre. En revanche, 'Sharks' et 'Cøld War' s'aventurent agréablement le premier dans une pop survoltée et le second au plus proche d'une pop symphonique. Ces deux morceaux pourraient devenir des tubes si les radios actuelles pouvaient rompre avec leur fâcheuse habitude de ne diffuser que de la publicité. Finalement, si l'ensemble sent parfois le réchauffé et le pilotage automatique (l'alternance des genres semble parfois téléphoné), on se laisse emporter par la déferlante.
Sebastian Biesler a prouvé que sa place derrière le micro n'était pas seulement acquise en raison de dissensions internes. Tout au long de l'album, il démontre sa dextérité et sa souplesse à adopter plusieurs tons. Les vocaux vont également s'enrichir grâce à l'intervention d'invités extérieurs. Marcus Bischoff, le chanteur du groupe de deathcore mélodique Heaven Shall Burn vient ponctuer la chansonnette de ses grawls sur 'Supernøva'. Mille Petroza du non moins culte Kreator intervient sur 'Crøwn' mais sans convaincre tant le morceau ressemble au précédent cité. En guise de bonus sucré, Ghøstkid propose deux versions de 'This Is Not Hollywood', chacune d'elle étant soutenue par les rappeurs Timi Hendrix et Johnny 3 Tears d'Hollywood Undead. La seconde version sur laquelle Johnny montre qu'il a du coffre surpasse la première un peu trop brouillonne et éraillée.
Sur ce premier album éponyme, Ghøstkid a tous les arguments pour nous enchanter. Si l'originalité fait quelque peu défaut en raison d'une formule éventée, l'explosif mélange des genres n'en est que plus jouissif.