Jeune groupe de jazz rock progressif, Lu7 s’est fait connaître en 2004 avec la sortie remarquée de leur deuxième album « Le Prix de l’Exil ». Fort de ce succès, le label réédite la première réalisation de nos japonais qui fut, en son temps (2002), uniquement disponible sur internet. « Efflorescence », tel est le nom de ce premier album, nous permet donc de découvrir les débuts de cette formation bâtie autour des deux piliers que sont Luna Umegaki (claviers) et Tsutomu Kurihara (guitare). A ce binôme, ajoutons de nombreuses participations d’invités permettant ainsi de compléter la formation.
Musicalement, « Efflorescence » est complètement centré sur nos deux protagonistes principaux, à savoir une guitare typiquement « Holdsworthienne » (le jeu de Kurihara étant très largement influencé par le technicien anglais) égayée par les claviers d’Umegaki se faisant doux, feutrés, oniriques voir enlevés mais toujours en première ligne pour tisser des ambiances réussies. En effet, l’album, essentiellement instrumental (il n’y a que quelques bribes de chant sur « UTO6 », morceau bonus du disque), échappe ainsi à la froideur et à l’austérité caractéristiques d’une trop haute technicité en très grande partie grâce à ses claviers. De plus, quelques petites touches de modernité mais également quelques choix mélodiques surprenants (l’arabisant « Crimson Carpet » notamment) viennent souligner la qualité des compositions.
Pourtant, tous les titres ne font pas mouche, il faut dire que quelques-uns ne sont pas franchement aidés par les programmations rythmiques. Rien de franchement grave mais le groupe mériterait de se constituer sa propre section rythmique qui permettrait, à n’en pas douter, de rendre les compositions encore plus intéressantes et subtiles. « Sonatine III », composition de Maurice Ravel et son rythme technoïde en est un parfait exemple même si je dois reconnaître que la démarche est audacieuse…
A part ce petit bémol, force est de constater que cet album est toujours délicieusement agréable à écouter et que cette musique coulée supporte aisément les écoutes successives sans que l’ennui nous gagne. Certes, son aspect un peu trop « gentillet » peut rebuter, tout comme son aspect instrumental, mais pour un premier album, il faut bien reconnaître que nos japonais s’en sont admirablement bien sortis. Les adeptes de musiques riches mais pas prises de tête seront comblés si tant est que l’orientation jazz rock ne les dérangent pas.