« Late Night at Desert Rimrock » est le dernier album d’Alex Masi, guitar heroe américain d’origine italienne, ayant rejoint le nouveau continent pour faire partie de la scène shred des années 90 avant de créer le groupe « MASI » puis de se lancer plus récemment dans des explorations musicales plus personnelles (notamment en consacrant une série d’albums en hommage à des compositeurs de musique classique comme Back, Mozart et Beethoven). Pour cet album, il s’est plus particulièrement adjoint les talents du batteur John Macaluso (connu pour ses collaborations diverses : Ark, Malmsteen, Riot, Jorn Lande…), Alex MASI assurant l’ensemble des autres instruments.
Ne connaissant pas la discographie d’Alex Masi, je me permets donc de rapporter ses propos concernant la sortie de cet album : il affirme donc, dans les grandes lignes, que le contenu de cet opus est assez différent du matériel musical qu’il a édité jusqu’à présent… Chacun devrait y retrouver cependant les influences de ses productions passées… Il ajoute également qu’il n’est pas doué pour faire ce que l’on attend de lui (musicalement) et qu’il s’est tourné vers la musique afin d’explorer l’inconnu... ok...
L’album propose ainsi 12 titres de musique instrumentale faisant se côtoyer divers styles articulés autour d’une ossature relativement shred donnant la part belle à la guitare bien évidemment.
Et ça démarre fort avec « Vagina Dentata » qui après une ouverture par un petit solo de batterie marie parfaitement un puissant shred électrique à des envolées de guitares classiques tantôt hispanisantes, tantôt jazzy, sur fond de grosses rythmiques.
La production est très bonne. Un grand soin semble être apporté à l’équilibre de l’instrumentation et les lignes de basse sont très riches afin de bien renforcer la puissance rythmique du jeu de John Macaluso. Le jeu d’Alex Masi est très technique mais il sait aussi s’exprimer tout en finesse : on assiste ainsi à de belles alternances entre thèmes et passages plus shred… C’est d’ailleurs le titre le plus entraînant de l’album.
L’ensemble de l’album est très cohérent : rien d’inconnu cependant en début d’album… En effet, l’intention annoncée par Alex MASI « d’explorer l’inconnu » semble tout de même se préciser au fur et à mesure des plages… Allez, petit passage en revue !!!
« You Asked » démarre sur un thème très lent encadré par une basse très groovy et des enchainements de batterie jazzy, avant que la guitare n’entame des phrasés plus endiablés : on passe de 0 à 100 en quelques secondes…
« Antistructure » se caractérise par de très bonnes alternances entre les breaks de la section rythmique (très bon jeu de basse : tout au long de l’album d’ailleurs) et les différents phrasés à la guitare.
« Love is a Resonance » prend des airs de ballade un peu édulcorée avec des arpèges très clean et un phrasé plein de feeling rappelant Shawn Lane.
« Asparagus Piss » : en voilà un titre qui sent bon la fusion ! Un titre relativement technique où la batterie est très sollicitée par des alternances heavy et groovy.
« Disembodied in Mojave » se caractérise par un thème oriental et le doublage de certains passage de guitare par la basse. Certains passages de ce titres sont longuets : il aurait pu être raccourci en ôtant les sections « bruitées », mais ce ne sont en fait que les prémices des pistes exploratoires dont l’auteur nous parle et qui seront développées par la suite…
“Tiktaalik In Evolution” permet de revenir un peu plus dedans avec des passages plus speed et encore une fois un grand soin apporté au doublage de plusieurs parties de guitare par la basse ainsi que la batterie.
On passe ensuite à “The Smell Of Weightlessness” où Alex MASI décide reposer les sens de l’auditeur avec un titre très inspiré mêlant percussions, accords de fond dissonants, arpèges étouffés et phrasés planants : très bon titre !
“Telling England By The Sound” est très intéressant par son brassage sonore créé par la superposition de la batterie, des harmoniques de basse et des effets répétitifs liés aux variations jouées pour le thème rythmique… On sent du Steve VAI dans plusieurs passages, plus particulièrement à la fin du titre.
“His/Her Dosage” démarre par un solo de basse très jazzy nous ouvrant la marche vers une guitare tantôt psyché, tantôt rock : les effets de bruitage guitaristiques se manifestent encore dans ce titre.
“Is You Is Or Is You Ain't?” est un titre assez « strange » : alternance de nappes floues (guitare sous LSD) et de passages plus groovys sur thèmes répétitifs et fond de voix ethniques...
“Unsolved” semble finalement apporter une réponse dissonante sur l’orientation musicale qu’Alex MASI semble vouloir « explorer » : il y développe rapidement certains éléments de « bruitage » exprimés précédemment dans quelques titres …
En conclusion, cet album se trouve être très riche, mélangeant beaucoup d’influences diverses et tentant également de sortir des sentiers battus en empruntant des voies musicales plus confidentielles et exploratoires… Cette production ravira la plupart des amateurs de musique instrumentale de type Guitar Hero mais il faudra cependant être relativement aguerri aux déclinaisons expérimentales pour apprécier la teneur de la deuxième partie de l’album. Je le recommande donc d'avantage aux amateurs de technique, de complexité et d’expérimentation sonore… Certains pourraient en effet être rebutés par ces différents aspects nécessitant de nombreuses écoutes pour « se faire » à cette musique.