ROBERT REED: Cursus 123 430 (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Habituellement, lors de l'ouverture d'une chronique, on resasse rapidement le pédigrée de l'artiste/groupe dont il est sujet. Énumérer simplement les différents projets dont il est le maître d'œuvre suffit à mesurer l'étendue de son talent et ses multiples facettes : Trippa, Cyan, Magenta, The Fyreworks, Chimpan A, Kiama et autres Kompendium portent tous la patte de cet artiste aux capacités multiples.

Avec "Sanctuary", trois volumes publiés à ce jour, Rob Reed a trouvé le moyen de rendre hommage à l'un des ses maîtres musicaux, Mike Oldfield, en y impliquant de surcroît certains collaborateurs du maestro (Les Penning, Tom Newman ou encore Simon Philipps). Et c'est durant l'écriture et la réalisation du quatrième volet de cette série que Rob Reed a, selon lui, rencontré un mur et éprouvé le besoin de faire une pause.
Pour se changer les idées, quoi de mieux qu'un nouveau projet musical ? Et pour se faire, quoi de mieux qu'un nouvel hommage à ses premières amours musicales, à savoir la musique électronique des années 70/80 ?

Fasciné par Jean-Michel Jarre et Vangelis (entre autres), Rob Reed a ainsi conçu "Cursus 123 430" dans le même esprit que "Sanctuary" : écrire et produire une musique dans l'esprit de, tout en évitant le plagiat. Exercice compliqué s'il en est, surtout lorsqu'après une courte narration du désormais inévitable Les Penning, Rob Reed attaque 'Erthynge' en reprenant ni plus ni moins qu'un thème tout droit sorti d'"Oxygène". Puis, un peu plus loin dans le même titre, ce sont des volutes de "Spiral" (Vangelis) qui vont venir titiller les oreilles attentives. De même, ce sont les "Chants Magnétiques" qui vont venir résonner dans les premiers instants de 'Stoneglow Warnings'.
Mais, et il l'a déjà prouvé par le passé, tout le talent de Rob Reed réside dans sa capacité à créer une musique qui reste originale, tout en restant fidèle aux canons de ses maîtres, notamment dans les sonorités qu'il parvient à recréer à l'aide d'une impressionnante panoplie de synthétiseurs seventies.
Il parvient ainsi à habilement mélanger une musique que l'on peut jouer avec un doigt, mais qui produit des mélodies terriblement catchy (Jean-Michel Jarre) avec la complexité des arrangements et des partitions d'un musicien classique (Vangelis) – se référer à l'interview de Rob Reed sur le DVD accompagnant l'album – et surtout des chorus majestueux comme le fait si bien le musicien grec.
Et s'il évoque également dans ses influences les Pet Shop Boys ou encore Ultravox, il faut bien avouer que la présence de ces maîtres de la new-wave ne se fait pas particulièrement sentir, le symphonisme cher à Rob Reed restant le maître mot des différentes compositions de l'album. Et puis, car on ne se refait pas, quelques cloches tubulaires s'invitent également sur 'The Man of Sight and Feathers'.

Un petit passage par Tangerine Dream sur la suite 'Erthsheelde' avant la reprise majestueuse du thème initial viennent clôturer ce concept évoquant la genèse et la destruction de l'humanité pour cause de désastre écologique pour une fuite vers un ailleurs, concept heureusement peu "pollué" par les narrations qui restent minoritaires.

S'il est difficile de caractériser une telle œuvre sans constamment faire référence aux musiciens qui l'ont inspirée, force est de reconnaître que Rob Reed fait une nouvelle fois mouche en touchant la fibre rétrostalgique qui sommeille en chacun de nous. Loin de plagier ses illustres aînés, il redonne vie à une musique si ce n'est oubliée du moins d'une autre époque, tout en lui apportant une modernité et une originalité suffisantes pour susciter l'intérêt.

ROBERT REED

CURSUS 123 430

TIGERMOTH

ROCK PROGRESSIF