Vous vous souvenez de Saigon Kick ? Le groupe de hard rock avait eu un petit succès au début des années 90, notamment avec la ballade ‘Love Is On The Way’, avant de tomber dans l’oubli, écrasé par les poids lourds de l’époque, Extreme et Mr Big en tête. En tout cas, son leader, Jason Bieler, n’a jamais cessé d’être actif sur la scène musicale, en sortant un premier album solo en 1998, "Houston We Have A Problem", puis en créant son propre label. Le voici de retour avec "Songs For The Apocalypse" accompagné d’un énigmatique Baron Von Bielski Orchestra dont nous ne saurons jamais rien puisqu’il n’est en aucun cas question de metal symphonique dans cet album.
Alors de quoi s’agit-il ? Eh bien plutôt de pop metal, vaguement progressif par moments, parfois amusant mais, avouons-le, long comme un jour de pluie en confinement. Certes il est indéniable que Jason Bieler sait composer de la musique et qu’il sait s’entourer. La liste impressionnante des artistes invités sur l’album est là pour en témoigner (Todd LaTorre (Queensrÿche), Devin Townsend, Ron Thal, Clint Lowery (Sevendust), Dave Ellefson (Megadeth)). Mais le problème, c’est que "Songs For The Apocalypse" est un album fatigant, piégé par son éclectisme à outrance et son incapacité à appairer de bonnes idées musicales avec un chant pop mièvre très souvent insupportable (‘Annalise’, ‘Down In A Hole’).
Pourtant, les harmonies vocales fonctionnent par endroits et auraient même pu donner naissance à un nouveau genre, que l’on aurait pu baptiser le surf metal progressif (‘Apology’ et ‘Bring Out Your Dead’ ressemblent à des titres heavy chantés par les Beach Boys). Hélas, Jason Bieler n’a pas autant d’ambition et se laisse aller à parsemer l’album de titres pop rock convenus sans grand intérêt (‘Anthem For Losers’, ‘Very Fine People’), quand il ne tombe pas dans un hard rock psychédélique hérité de Ghost (‘Stones Will Fly’), sans toutefois avoir la puissance mélodique de son modèle.
C’est finalement ce manque de puissance qui nuit le plus à cet album. Jason Bieler ne trouve jamais la bonne distance entre les riffs et les harmonies vocales, si bien que même les titres les plus loufoques et aventureux (‘Crab Claw Dan’, ‘Beyond Hope’) peinent à susciter l’intérêt. Difficile de savoir si le musicien en fait trop ou pas assez, mais force est de constater que "Songs For The Apocalypse" passe à côté de son sujet la plupart du temps et qu’il est loin de combler les espoirs que son casting trois étoiles laisse entrevoir a priori.