Expatrié au pays du soleil levant depuis 2003, Marty Friedman est tombé amoureux de son île d’accueil, de sa culture et de son mode vie. Reconnaissants, les Japonais ont fait de Marty Friedman un des leurs en lui offrant une exposition médiatique importante et en le nommant ambassadeur officiel du patrimoine japonais. Dans ce cadre, Marty a pu jouer par quatre fois en ouverture du marathon de Tokyo et il se dit qu’il pourrait participer à la cérémonie des futurs Jeux Olympiques. Depuis plus de dix ans il s’adonne aux joies des reprises de standards japonais dans des "Tokyo Jukebox" dont le troisième volume vient de sortir.
Ce volume 3, dont Marty Friedman en genre de Geisha orne la pochette, poursuit le principe des deux précédents disques en revisitant des chansons de la culture japonaise sous la forme rock et instrumentale. Seul le titre ‘The Perfect World’, basé sur la composition ‘B: The Beginning’ de Marty, est chantée par la star de J-pop Alfakyun pour un résultat rythmé et entrainant. Pour le reste on entend un Marty Friedman visiblement à son aise de jouer des morceaux à l’approche ludique rafraichissante mais sérieusement travaillés et arrangés. Il faut dire que le mariage de la mélodie naïve propre à la culture musicale japonaise populaire et des sonorités heavy fonctionne bien. Mais il y a surtout le toucher pur et direct de Marty Friedman qui n’altère en rien l’authenticité des thèmes joués.
Marty Friedman tricote sa partie sur des formats énergiques à la double dimension heavy (‘Ikuze Kaitou-Shoujo’, le pont crépusculaire de ‘Makenaide’) et pop (‘Shukumei’, ‘Makenaide’) fortifiés de groove (‘Senbonzakura’, ‘Echo’) ou traversés d’envolées épiques dans la douce ‘Sazanka’ ou le superbe ‘Kaze Ga Fuiteiru’ qui voit le doigté lyrique de Marty faire des merveilles. Extravagant, le disque l’est assurément, mais l’engagement et la sincérité de Marty évitent la faute de goût, même quand le disco se mêle au gros son et que la guitare de Marty exagère l’expressivité nippone de ses notes (‘U.S.A’). C’est en tout cas un témoignage de parfaite assimilation de l’esprit japonais dans la simplicité à mélanger les genres et les codes qui permet de faire cohabiter la légèreté de la musique d’anime (‘Gurenge’) avec le sérieux du folklore traditionnel local (‘Japan Heritage Official Theme Song ’).
L’album est intéressant pour sa lecture de thèmes japonais avec une optique heavy américain. L’attachement et le respect de Marty pour la culture de son pays d’accueil transparaît nettement dans ce disque et le rend véritablement attachant. Il y a aussi, et ce n’est pas la moindre des vertus de cet album, le plaisir intact d’entendre le jeu si unique de l’Américain. Que l’on adhère ou pas au projet, il y a peu d’équivalent dans le genre instrumental à dominance de guitare.