Chic , un groupe de prog polonais ! Albion évolue dans un registre proche du néo-prog influencé par Marillion, avec une chanteuse derrière le micro, officiant parfois en anglais, parfois en polonais. Dans l’esprit, on est plus proche de White Willow ou Landmarq que de Satellite ou Riverside, les titres s’articulant plus autour des parties vocales que des instrumentaux à rallonge et sophistiqués.
“Remake” est une compilation de deux albums précédemment édités :
- Survival Games (CD2 -1994), sorti à l'origine sur le label Mellow Records, sans l'accord du groupe (pour quelle raison ???), est complété ici par Nie Wiem (1995) et trois titres démo enregistrés en 1997 : Wszystko Jedno, Deszcz et Zanurzona.
- Le deuxième album, "Albion" (CD1 - 1995), était distribué pendant les concerts d'Albion ... ou d'autres groupes polonais de l'époque. On y a ajouté le titre Powszedni, enregistré en 1997
La curiosité, c’est qu’en regardant la set-list, on voit que beaucoup de titres sont présents sur les deux albums, avec des versions différentes : beaucoup plus brutes dans l’album “Survival Games” (production limite cheap, surtrout au niveau de la batterie), plus évoluées (on va dire que le son fait plus “néo-prog”) dans l’album “Albion”.
L’écoute de “Remake” procure un curieux sentiment d’ambiguïté lié au contraste entre l’attachement porté à la construction musicale et aux mélodies (les arrangements, tout à fait corrects, n’ont rien d’original), et l’interprétation vocale : Ania Batko, qui chantait avec le groupe jusque vers 1996, apporte une note discordante dans un ensemble plutot attachant. Passe encore qu’elle glisse d’un timbre enfantin à un registre plus canaille, l’originalité n’a jamais fait de mal dans le progressif (encore que le “canaille” s’acoquine assez mal avec le “moelleux” du néo-prog, mais pourquoi pas ?) ; mais quand la chanteuse force sa voix pour donner du volume, ça accroche nettement rendant l’écoute difficile. Avec l’arrivée de la nouvelle chanteuse, Katarzyna Sobkowicz-Malec, on trouve un timbre et une exécution nettement plus en accord avec l’esprit du groupe, et même si on a perdu en originalité, on gagne nettement en délicatesse.
Cette importante réserve posée, on écoutera quand même ces titres avec plaisir, surtout quand on entend les progrès faits par le groupe entre les titres les plus anciens (1994) et les plus récents (1997). Tout cela donne envie de jeter une oreille attentive sur les albums suivants : une fois les défauts de jeunesse gommés, Albion garde un joli potentiel de groupe en devenir !