Il aura fallu attendre pour découvrir le dixième album des Foo Fighters, celui-ci ayant été retardé à cause de la psychose sanitaire qui touche une partie du monde depuis un an. "Medicine At Midnight" fait suite au marquant "Concrete And Gold" sorti quatre ans plus tôt.
"Medecine At Midnight" est un disque à l’écoute instantanée, on y entre aussi facilement qu’on en sort, d’une trentaine de minutes avec deux tiers de power rock et un tiers de mid-tempi. Les Américains ne se sont pas fait des nœuds au cerveau et ont misé sur le côté fédérateur de leur rock avec une accroche basée sur l’effet d’entrainement provoqué par les mouvements rythmiques, l’énergie et la configuration des chants. D’envie, les six musiciens n’en manquent pas, et la production parfaite de Greg Kurstin en restitue la ferveur mais rares sont les titres qui retiennent l’attention par leur qualité mélodique ou leur développement sortant des sentiers rebattus. On peut citer ‘Holding Poison’ pour ses efforts dans une démarche pas totalement attendue et ‘Making A Fire’ au petit caractère funky qui rappelle un peu Morning Widows.
Le reste du disque tient par les créations rythmiques et le groove (‘Shame Shame’, ‘Love Dies Young’), la spontanéité purement rock (‘Cloudspotter’, la giclée de riffs hargneux à la Motorhead de ‘No Son Of Mine’) et des options vocales provoquant l’adhésion (les woowoowoo du mi-Bowie mi-Lenny Kravitz ‘Medicine At Midnight’, ‘Waiting On A War’, la simplicité des paroles pour l’hymne parfait ‘Love Dies Young’). Au niveau des ballades, les Américains assurent le service minimum dans le très conventionnel acoustique ‘Chasing Birds’ mais retrouve un peu de profondeur pour le mid-tempo explosif ‘Waiting On A War’. On est loin de la finition d’un "Concrete and Gold" ou de l’inspiration foisonnante de "In Your Honor" et même sans aller chercher le Foo Fighters minutieux, son disque "Wasting Light" montrait un groupe autrement plus inspiré dans des chansons tout aussi directes.
"Medicine At Midnight" est un disque viscéralement taillé pour la scène mais sans salle pour le jouer, une collection d’hymnes sans public pour les chanter, et avoir retardé sa sortie pour en arriver là laisse un goût forcément amer. Espérons que les Foo Fighters puissent rapidement défendre ce disque en live, puisque sa place est véritablement là.