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"Alice Cooper revisite sa propre mythologie à travers sa ville natale. Malgré quelques longueurs, l'album est un bel hommage au son du Coop."
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4/5
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2020 aurait pu être une année funeste pour Vincent Furnier. Ayant été contaminé par l'insidieux Covid19, le roi du shock rock aurait très bien pu descendre définitivement aux Enfers. Après avoir senti le souffle glacé de la mort de très près, le chanteur, maintenant rétabli, a décidé à 73 ans de faire un retour aux sources vers le Detroit qui l'a vu naître. Les amateurs de bons mots pourront dire que, dévastée aujourd'hui, Detroit a des allures de ville fantôme ou de zombies, ce qui ne pouvait qu'armer son inspiration. Le Coop a réuni autour de lui un équipage de rêve avec des invités prestigieux comme les guitaristes Wayne Kramer (MC5), Mark Farner (Grand Funk Railroad), Joe Bonamassa, Tommy Henricksen (Warlock, Hollywood Vampires), Paul Randolph à la basse, les batteurs Johnny Bednajek (Mitch Rider) ou encore Larry Mullen (U2). Cerise sur le gâteau, on retrouve à nouveau le gang d'autrefois avec les guitaristes Michael Bruce et Steve Hunter, le bassiste Dennis Dunaway, le batteur Neal Smith (Glen Buxton est malheureusement mort en 1997). Nul autre que Bob Ezrin, grand ordonnateur du son Alice Cooper, ne pouvait être aux commandes de ce "Detroit Stories".
Pas le temps de boucler sa ceinture, cet album dédié à la Motor City démarre sur des chapeaux de roue. Cette allure est toutefois justifiée par le thème de la première chanson 'Rock And Roll', une reprise du Velvet Underground qui relate la découverte du rock à la radio par une jeune fille et le choc irréversible provoqué (pour la peine, le lieu de l'intrigue a été transféré de New York à Detroit). L'écoute de ce morceau se révèle plus jouissive que celui de la bande de Lou Reed grâce à l'orgue aérien joué par Bob Ezrin, deux soli de guitare décontractés de Steve Hunter et Joe Bonamassa et enfin l'énergie qui en découle. 'Go Man Go', la piste suivante passe la sixième vitesse avec une rythmique endiablée sur laquelle plane le spectre de MC5 grâce à la présence du pyromane Wayne Kramer qui emprunte une route parallèle pour décocher un solo énergique. Tout au long de l'album, la poudre parle et le risque de finir prématurément sur l'aire d'autoroute, les pneus à plat, aurait pu être à craindre. Heureusement la Alice Cooper Team est capable d'accomplir une course d'endurance. 'Detroit City 2021' prouve que si le Coop a encore du souffle, les guitares peuvent être encore tranchantes. 'Independance Dave' prend un même débit vocal que 'Aspirin Damages' avant de laisser la menace s'exprimer à grands coups de chœurs et d'harmonica. Le feu côtoie un soupçon de glace, 'Wonderful World' avec sa voix grave et son texte
provocateur ou encore 'Hanging On By A Thread (Don't Give Up') avec ses claviers gothiques font sourdre la folie et l'horreur de façon plus subtile.
Car là est le principal écueil de cet album, le pilotage automatique est parfois enclenché et l'imminence d'un solo de guitare peut presque être pronostiquée à la seconde près ('Hail Mary', 'Sister Anne' reprise du MC5, 'Shut Up And Rock'). Pour autant, si Alice Cooper pioche parfois dans sa propre discographie, ses emprunts ne sont que des clins d'œil et ne dénotent aucunement une perte d'inspiration. Une poignée de morceaux plus calmes compense légèrement quelques excès énergiques. 'Our Love Will Change The World' a certes des accents spectoriens voire Motown (fondée à Detroit !) mais s'intègrent bien au canevas du Coop comme petite sœur de 'Department Of Youth', offrant un message d'espoir contrasté. Le funky '1000 Dollars High Heel Shoes' avec ses chœurs féminins sucrés, ses cuivres, un petit solo de Wah-Wah se révèle jubilatoire.
Chacun des morceaux est une vignette ayant Detroit pour toile de fond. Alice Cooper ne s'est pas assagi mais le but n'est plus de choquer, et sortir de nouveau des morceaux de la trempe de 'Dead Babies' (mal compris à l'époque) ou 'I Love The Deads' serait contre-productif (et lui vaudrait quelques procès). Alice Cooper sait se montrer sensible et profondément
humain. Les paroles du blues torride 'Drunk And In Love' pourraient nous
rappeler le dragueur raté de 'I Like Girls' mais le chanteur y ajoute une
dimension désespérée. 'Detroit City 2021' évoque l'âge d'or de Detroit à grands coups de name
ping (Iggy Pop, Suzy Quatro, MC5 sont évoqués) avant de plonger dans la ruine. 'Social Debris' laisse parler un paranoïaque qui diffuse quelques vérités. A travers toutes ces voix, n'est-ce pas la ville de Detroit qui nous interpelle directement sur sa déchéance? A la fin de 'Hanging On By A Thread (Don't Give Up)' qui traite du mal-être, le chanteur s'adresse en personne à l'auditeur, donnant le numéro de SOS Suicide de Detroit à composer avant de faire le grand saut (le morceau sorti plus tôt en single sous le titre 'Don't Give Up' parlait plus ouvertement de la Covid 19). Notons également 'I Hate You', une auto-critique aussi délirante que jouissive où tous les
musiciens dénoncent ce type immonde avec "ses toiles d'araignée et sa
guillotine".
Alice Cooper rend hommage autant à sa ville natale (l'ultime morceau est une reprise d'un autre natif de Detroit, Bob Seger) qu'à sa discographie. Avec son esprit enjoué et ses guitares détonantes, le nouvel album "Detroit Stories" n'a pas à rougir et invite l'auditeur néophyte ou non à de nouveaux voyages dans la géographie cooperienne. Certes, on peut reprocher à l'album d'être trop généreux, gagnant à être allégé de quelques pistes et accusant un manque de variété sonore (où sont passés les ballades, le metal-indus ?) mais ne boudons pas notre plaisir, le Coop est bel est bien de retour parmi les vivants.
Plus d'information sur
http://www.alicecooper.com/
LISTE DES PISTES:
01. Rock 'n' Roll 02. Go Man Go 03. Our Love Will Change The World 04. Social Debris 05. $1000 High Heel Shoes 06. Hail Mary 07. Detroit City 2021 08. Drunk And In Love 09. Independence Dave 10. I Hate You 11. Wonderful World 12. Sister Anne 13. Hanging On By A Thread 14. Shut Up And Rock 15. East Side Story
FORMATION:
Alice Cooper : Chant / Harpe Tommy Denander: Guitares / Claviers / Invité Bob Ezrin: Claviers / Invité / Percussions, Piano, Orgue Dennis Dunaway: Chant / Guitares / Basse / Invité Garret Bielaniec: Guitares / Invité James Shelton: Invité / Orgue Jimmy Lee Sloas: Basse / Invité Joe Bonamassa: Guitares / Invité John Rutherford: Invité / Trombone Johnny "bee" Bedanjek: Batterie / Invité Keith Kaminski: Invité / Saxophone Larry Mullen Jr.: Batterie / Invité Mark Farner: Guitares / Invité Matthew Smith: Guitares / Invité Michael Bruce: Chant / Guitares / Invité Neal Smith : Chant / Batterie / Invité Paul Randolph: Basse / Invité Rick Tedesco: Guitares / Invité Steve Hunter: Guitares / Invité Steven Crayn: Guitares / Invité Tommy Henriksen: Guitares / Invité Walter White: Invité / Trompette Wayne Kramer: Guitares / Invité / Choeurs
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(1) AVIS DES LECTEURS
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Cela fait des décennies que le hard rock d'Alice Cooper n'a plus rien d'irrévérencieux et ne risque guère d'effaroucher les honnêtes gens. Cela fait aussi des décennies qu'Alice Cooper reste accrocher à une formule qu'il reproduit inlassablement à chaque album. "Detroit Stories" ne déroge pas à la règle et l'auditeur qui connaît le chanteur américain sait déjà à quoi s'attendre avant même d'avoir entendu la première note. Finalement, d'un album à l'autre, les seules différences tiennent à la qualité des mélodies et à l'implication d'Alice Cooper.
"Paranormal", son précédent album, m'avait laissé de marbre. Inspiration en berne, interprétation en pilotage automatique, l'album était d'une platitude navrante. "Detroit Stories", lui, fait partie des bonnes surprises. Même s'ils ne sont guère originaux, les titres sont plutôt pêchus et nous avons un Alice Cooper des grands jours semblant s'appliquer et s'impliquer dans son nouveau bébé. Certes, l'album étant long (trop long), le pilotage automatique repointe son nez ici et là mais globalement, l'écoute de cet album permet de passer un agréable moment.
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LECTEURS:
3.3/5 (3 avis)
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STAFF:
3.6/5 (7 avis)
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