« Orchestrate » est le 6ème album solo de Michaël Harris depuis son premier album instrumental en 1991 (« Defense Mechanizms »). Comme l’indique le titre, et dès lors que l’on sait qu’il s’agit globalement de musique instrumentale métal alors on se doute que le tout doit prendre une certaine coloration légèrement néo-classique.
Comme le définit Michaël Harris lui-même, il a voulu réaliser ici un album « néo-orchestral » plutôt que simplement « néo-classique ». Le style pousse ainsi un peu plus en avant les schémas de l’instrumentation de métal néo-classique par un renfort d’orchestrations typées symphoniques… Et cela fonctionne plutôt bien !!!
Le premier titre « Opus Conceptus » annonce la couleur !!! Pour ceux qui aiment la gratte acoustique, ce titre justifie à lui seul l’achat de cet album, irréprochable techniquement et vraiment mélodique. Bien évidemment, les orchestrations sont faites aux claviers mais c’est assez bien fait car Michaël Harris a reconstitué les passages orchestraux sur plusieurs pistes en faisant bien attention à l’équilibre des différentes sections de cordes. Notons que c’est bien Michaël Harris qui prend en charge l’ensemble de l’instrumentation mise à part la batterie assurée par Matt Thompson. Les guitares et l’accompagnement se marient très bien et la guitare électrique officie régulièrement tel un violon ou un violoncelle au milieu des orchestrations qui gonflent tout au long du morceau avant de terminer sur une rythmique heavy jalonnée de solos taillés au millimètre.
Sur l’ensemble de l’album, l’équilibre entre orchestrations et guitares est parfaitement préservé : l’alternance entre le métal et les passages plus doux est également bien jaugée.
La technique est forcément très présente mais pas à outrance… On sent très bien l’ombre du « shreddeur » mais les thèmes sont très travaillés et structurent parfaitement les morceaux… Ce n’est jamais de la déboule à 200 à l’heure pour le simple plaisir d’aligner les plans les uns derrière les autres sans trop de cohérence. C’est souvent speed et technique, mais ça sonne vraiment !!!
Souvent, on sent le goût de « Cacophony » et plus précisément « Jason Becker » comme dans le début de « String Theory » ou dans « The Mad Composer’s Rage » qui ne sont pas sans rappeler des titres comme « Concerto » ou « Speed Metal Symphony ». Les titres arborent une structure très variée faisant s’enchaîner des ambiances très différentes de manière très progressive mais avec une certaine fluidité. Le côté métal est notamment bien développé sur des titres comme « Battle at Storm’s Edge », « Octavian II » et « Schizo Forte », non sans rappeler Malmsteen et Michaël Romeo…
Certains titres sont davantage mid tempo comme « Mysterioso » avec ses accents de ballade, ou bien plus contrastés comme « Notes From The Kursk » avec sa magnifique intro à la guitare avec un son à pleurer d’expressivité et une interprétation rappelant le phrasé d’un violon.
D’autres titres baignent au contraire, plus dans une atmosphère acoustique comme « Guiprice », ou bien « Anti Shred » avec ses ambiances très paisibles…
Le seul petit bémol qui pourrait être apporter concerne la production à laquelle on pourrait reprocher un petit je ne sais trop quoi… On la sent quelque fois un peu trop « resserrée » (sur « The Mad Composer’s Rage » notamment), le son manquant d’une certaine ampleur sur certains passages métal. Heureusement celà reste très marginal...
Au final, c’est vraiment un super album d’instrumental qui apporte une touche en plus au style néo-classique. On y retrouve tout ce qui fait la force du style avec une richesse supplémentaire liée aux orchestrations et surtout à la justesse, la mélodicité et la recherche apportée aux thèmes produits. Faut vraiment aller chez votre disquaire !!! Tout simplement indispensable à une bonne discographie de musique instrumentale.