Après trois opus amenant les mêmes conclusions, à savoir un talent indéniable mais une absence de prise de risque entraînant une trop grande linéarité, Inglorious a vu son line-up voler en éclat. C’est toute sa section à cordes qui a été changée avec l’arrivée de Vinnie Colla à la basse et de la paire de guitaristes composée de Dan Stevens et Danny De La Cruz. Nous reviendrons plus tard sur l’importance de l’intégration de ce dernier, dont le jeune âge (19 ans) ne doit pas occulter le talent. Fort de ce sang neuf, Nathan James, Phil Beaver et leurs nouveaux camarades de jeu ne sortent pas un, mais deux nouveaux albums. Le premier, intitulé "Heroine", qui regroupe onze reprises aussi variées que surprenantes, et "We Will Ride", véritable quatrième opus qui nous intéresse ici.
Et pour ceux qui n’osaient plus espérer que le quintet britannique desserre enfin le frein à main, nous déflorons ici le suspens en vous annonçant que le rêve vient de se réaliser. Quelle claque à l’écoute des onze pièces qui composent ce recueil de bombes à fragmentation d’un hard rock toujours classique mais ayant enfin intégré les éléments qui permettent à Inglorious de monter en division supérieure. Bien sûr, la prestation quatre étoiles de Nathan James ne surprendra plus, mais le frontman trouve enfin ici l’écrin qui lui permet de confirmer qu’il est vraiment le meilleur héritier des David Coverdale et autres Glenn Hughes. Il convoque même Ozzy Osbourne au rang de ses légendaires inspirations lors d’un ‘He Will Provide’ malsain au riff sautillant et au break atmosphérique et inquiétant. Propulsé par le vent de fraicheur que semblent apporter ses nouveaux compères musiciens, Phil Beaver laisse également s’épanouir son jeu à la fois puissant et groovy sans être dénué de finesse.
Mais la véritable révélation de "We Will Ride" est bien Danny De La Cruz qui, à l’image du début de la vidéo du single ‘She Won’t Let You Go’, semble être celui qui a donné un coup de pied au derrière de la formation anglaise. Multipliant les riffs incendiaires et offrant enfin des soli dignes de ce nom (‘Cruel Intentions’, ‘Do You Like It’, etc.), il permet à Inglorious de sortir de sa zone de confort et de proposer des compositions jouant souvent sur les contrastes entre couplets calmes et refrains coléreux, et surtout d’une variété n’altérant en rien la cohérence de l’ensemble. Que le quintet s’aventure sur le terrain d’un heavy moderne et torturé (‘Messiah’), qu’il flirte avec le southern rock (‘Medusa’ et son bottleneck), ou qu’il vienne même titiller un Dream Theater (sans la composante progressivo-technique néanmoins) sur un ambitieux ‘We Will Meet Again’, le quintet s’en sort toujours haut la main et emporte l’adhésion sans réserve.
"We Will Ride" est donc l’album d’une confirmation que nous n’attendions plus de la part de Nathan James et sa bande. Inglorious donne enfin une identité forte à son classic rock qui s’enrichit d’une variété et d’une ambition qui lui faisaient cruellement défaut jusque-là. Enthousiasmant, puissant et envoûtant, cet opus enchantera tous les amateurs du genre auxquels il ouvre de nouveaux horizons et qu’il éclabousse d’un talent qui trouve enfin un terrain de jeu à sa mesure.