Comment attirer l’attention de l’amateur de progressif ? En affichant des influences 70’s marquées ? En composant des morceaux à rallonge ? Par une démonstration instrumentale élaborée ?
Il semblerait que Fluttr Effect n’ait visiblement pas l’intention de suivre ces prescriptions. Je me demande même si ce groupe américain vise véritablement le public « progressif » et pourtant, à l’écoute de « Marking time », il apparaît clair que cet album a le potentiel suffisant pour plaire à ce type de public, au moins à ceux d’entre vous qui sont les plus exigeants.
Malgré un nom à coucher dehors et des morceaux relativement courts (4 à 5 minutes en moyenne), la diversité de l’instrumentation (de la guitare électrique au mélodica en passant par le violoncelle), les constants changements de rythmes ainsi que les multiples rebondissements instrumentaux font que le groupe réussit la plupart du temps à surprendre ses auditeurs.
Chaque morceau part d’une ambiance assez simple (pop, piano/bar, électro…) pour évoluer ensuite vers des territoires plus expérimentaux (et bruitistes) que n’auraient pas renié Thinking Plague, Isildurs Bane ou encore Sleepytime Gorilla Museum (écoutez le refrain de la première partie de « Hollywood is porn » par exemple). En poussant un peu, j’oserais même la comparaison avec le After Crying de « Show ».
En ce qui concerne le chant, s’il faut aller chercher une influence, ce sera plutôt du côté de Tori Amos ou encore de Fiona Apple. A cela on peut ajouter que Fluttr Effect ne manque pas non plus d’humour à l’écoute de la fin du cinquième morceau dans lequel intervient un drôle de dialogue en français. Bref, si l’on décèle des influences multiples et variées, on peut pas dire pour autant que le groupe manque de personnalité. Bien au contraire, force est de constater qu’il les a parfaitement digérées pour nous offrir un album singulier, énergique et frais.
Après avoir écouté entièrement l’album, et dans son intégralité, vous ferez peut-être partie de ceux qui, comme moi, viennent d’avoir une révélation. C’est tout le mal que je vous souhaite.