GNÔ: Stereofish (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Grâce à la volonté de trois musiciens, Gnô a survécu au départ du charismatique Christophe Godin. Pour son premier album, Djul a charmé l’auditeur avec son sens du riff et sa musicalité, faisant de "Sick Princess" une réussite dans la continuité des travaux de Gnô tout en apportant sa touche personnelle. Quatre ans plus tard, le Gnô Mark II vient de sortir son deuxième album "Stereofish".

Enregistré fin 2019 dans le studio anglais de Peter Gabriel Real World, "Stereofish" a été mixé pendant le confinement de printemps. Les Français ont pu ainsi s’offrir quelques escapades créatives dans un quotidien reclus avec ce "Stereofish" marqué, au moins sur une grande partie, par la légèreté et la modération. La recette de Gnô jusqu’à "Sick Princess" est un mélange d’architectures instrumentales metal et de mélodies vocales pop nervurées de tonalités allant de la noirceur à la gaieté. "Stereofish" montre un Gnô plus rock que metal tout en conservant sa démarche pop.

Dès les premières mesures cette tendance se retrouve dans un lot de chansons immédiates dans leur construction et accessibles par leurs mélodies. ‘Calvary Way’, ‘Never Give Up’ et ‘Stereofish’ ont clairement un côté fédérateur qui communique une saine énergie et des textes que l’on fredonne dès la première écoute. La composante fusion au groove entraînant est moins radicale mais néanmoins inscrite dans l’ADN de Gnô. Elle évoque Audioslave (‘Too Many Faces’, ‘Our Worlds Collide’) notamment avec les effets à la guitare, certains travaux de Nuno Bettencourt hors-Extreme (‘Heroshima’) et même King’s X par l’intermédiaire des belles harmonies de chœurs aux refrains (‘Heroshima ‘ et ‘Counting Spiders’).

Mais Gnô cache un autre visage qu’il révèle dans les entrailles de "Stereofish". Dans ces profondeurs les sonorités brutes et les riffs rugueux provoquent une pesanteur typiques du grunge (‘Let It All Go’, ‘Into The Void’) voire des musiques alternatives (‘Animals’ ou le musien ‘Slumdog’. Simultanément l’instrumentation se muscle avec de superbes arpèges dans le reptilien ‘Smile’, des passages instrumentaux plus étendus (‘Smile’ ou le bel hommage à Satch dans ‘Gnô’s New Orbit’) ou des arrangements de clavier pour ‘Gnô’s New Orbit’ qui tranchent avec le démarrage direct et instinctif du disque.

Si Gnô a toujours été l’archétype du trio metal, c’est certainement dans "Stereofish" que la dimension de groupe est la plus manifeste. Ce lissage des individualités trouve sa traduction dans une musique aux aspérités polies, plus consensuelle et abordable mais aussi davantage diversifiée. Certes Gnô Mark II est moins tranchant mais il demeure toujours aussi génial pour trouver la mélodie qui fait mouche et embarquer l’auditeur dans les méandres de son rock exubérant de générosité.

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