LIZZARD: Eroded (METAL ALTERNATIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Tel le lézard auquel il emprunte le nom, LizZard change de peau à chaque album. Très apparenté à Tool à ses débuts et empruntant par la suite une voie plus atmosphérique, le groupe français a amorcé un virage plus direct dans "Shift". Il n’aura fallu que deux ans pour qu’il nous revienne avec son nouveau disque intitulé "Eroded".

A l’occasion de ce cinquième album, LizZard poursuit sans ambiguïté sa logique de concision, se libérant d’une certaine manière des entraves de la complexité. Le trio peut ainsi se focaliser sur d’autres aspects non moins exigeants à mettre en œuvre, qui consistent à faire si possible mieux avec moins. Et dans cet exercice le moindre défaut se paie cash, la moindre mélodie ou construction bancale n’a plus le paravent confortable de l’appareillage technique. Est-ce que la démarche est totalement conscientisée ou plutôt guidée par l’instinct ? On pencherait pour la seconde option car elle colle parfaitement à l’esprit de ce disque fluide et accrocheur, lumineux et addictif.

De ‘Blowdown’ et ‘The Decline’, c’est l’aspect chanson qui est mis en avant et pour lequel LizZard livre une copie pleine de justesse, dont chaque passage relève de l’évidence. On a beau chercher, aucun défaut n’est à déplorer, les mélodies sont particulièrement soignées (‘The Decline’ et son refrain pop, ‘Flood’) sans sophistication et avec le bon dosage de chœurs, les agencements concis et sans friction, les idées rythmiques amènent une grande vitalité aux morceaux (les cymbales de ‘Flood’, le groove de ‘Haywire’ et ‘Flood’) et les riffs se succèdent, tous plus créatifs les uns que les autres (‘Haywire’ et ses trois guitares superposées, ‘Flood’, le funky ‘Hunted’).

Première partie cinq étoiles donc et changement profond d’ambiance quand résonne le mélancolique et envoûtant ‘Eroded’ dont les arpèges et la tonalité crépusculaire apportent un côté "Book Of Shadows" de Zakk Wylde. Avec deux interludes atmosphériques encadrant un lourd et monolithique ‘Blue Moon’, dont certains traits pourraient rappeler Klone, la belle dynamique du début perd de son mordant mais l’effet de basculement vers un final aux sensations nocturnes est parfaitement rendu. C’est ‘Avalanche’ qui a la grande responsabilité de clore un disque que l’on souhaiterait interminable. LizZard achève son œuvre comme il l’a commencée, avec le même souci de finesse et de fluidité, bien que ‘Avalanche’ soit d’une constitution plus élaborée, mais avec une intensité émotionnelle exacerbée.

Si la trajectoire empruntée par LizZard dans "Eroded" nous avait été introduite par le dernier album, nous n’attendions pas une telle mise en œuvre avec un tel niveau de réussite. Si chaque disque des Français apporte sa contribution dans l’évolution du groupe, "Eroded" peut être considéré comme un disque référentiel qui pourrait marquer une étape décisive dans la tournure des futurs travaux du groupe.

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