Magic Dance est le projet solo de Jon Siejka. Cet auteur-compositeur, mais également interprète et multi-instrumentaliste, est un New-Yorkais d’origine grecque. Musicien et producteur autodidacte, l’Américain est à l’origine amateur de synthétiseurs et friand des sons de la synthwave, genre musical ayant pointé son nez au début années 2010. Également fan d’AOR et de pop des années 80, il a souhaité avec Magic Dance défendre un projet qui mélangerait toutes ces influences.
"Remnants" est son quatrième album depuis 2014, année où sortit son premier essai, un "The Mirror Of Dreams" qui a attiré, bien entendu, les suiveurs des sons AOR et les nostalgiques des années 80. En tous cas ceux que les synthés n’effrayaient pas car, à l’instar de la batterie électronique, ils étaient jusque-là la marque de fabrique de Magic Dance. Mais "Remnants" est différent, et c’est pour cela qu’il pourrait interpeller un public plus large, notamment les amateurs de hard rock mélodique.
En effet, Siejka a cette fois quelque peu délaissé ses synthétiseurs pour sortir ses guitares du placard. Et tant qu’à (bien) faire, il a fait appel à quatre manieurs de manche pour compléter son arsenal. La différence s’entend d’emblée à l’écoute du titre d’ouverture : 'Oh No' bouscule ainsi de manière surprenante les habitudes conceptuelles du multi-instrumentaliste. Ce morceau parfaitement mélodieux fait parler les guitares et séduit aisément l’auditoire. La batterie électronique a disparu et la rythmique secoue l’ensemble, tout comme sur 'Long And Lost Lonely Nights', son successeur. L’étonnement s’amplifie à l’écoute de 'Zombie Breath Surprise' qui délivre quant à lui un hard rock mélodique encore plus percutant. La sensation se poursuit avec un 'Cut Me Deep', plus pop, mais tout aussi percutant et doté d’une mélodie fort radio friendly. Et là on se dit que décidément Siejka a effectivement bouffé du lion.
Cependant, les goûts on ne peut plus variés du Monsieur devaient forcément l’emmener vers des digressions. Elles pointent leur nez avec 'When Your World Comes Down' qui flirte avec le rock alternatif tout en restant mélodieux, et ne se cachent plus sur 'Change Your Life' qui nous ramène carrément vers A-Ha. Tout à fait écoutables, ces morceaux s’éloignent néanmoins fortement du hard rock mélodique déversé sur les premiers titres. La suite de l’opus s’avère très diversifiée avec des hauts et des bas. Dans la première catégorie, nous placerons l’addictif et fort hard FM 'I'm Still Holding On', ses belles guitares et son saxo habile, et le calibré rock alternatif 'Changes' avec son solo bien envoyé. Concernant les idées moins heureuses, citons les deux morceaux qui bouclent l’album. Perclus de synthétiseurs trop surannés, dotés de mélodies qui ne font pas grimper aux rideaux et proclamant le retour de la batterie électro, 'Till Your Last Breath' et 'I Can't Be The Only One' auront du mal à convaincre le hard rocker moyen.
Ce "Remnants" est donc un opus particulier. Mélangeant différents styles, il pourra intéresser, au moins en partie, l’amateur de hard rock mélodique très easy listening. Cependant, ses quelques fuites vers le monde du rock alternatif, voire de la pop rock, risquent de rebuter plus d’un auditeur rechignant à la diversité musicale. Néanmoins, saluons le virage de Siejka qui s’est enfin décidé à sortir ses guitares musclées du grenier, et qui mérite quelques louanges sur son imagination mélodique. "Remnants" est fortement ancré dans les 80's, à tel point que vous aurez l'impression d'être tombé sur une radio FM surgie du passé. Le découvrir est un peu comme pénétrer dans un monde cristallisé depuis plus de trente ans, et empli de mélodies, certes vintage, mais ô combien source de souvenirs d'un temps où l'optimisme était roi.