RICK MILLER: Unstuck In Time (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Contraints au repos forcé occasionné par la pandémie de cette année 2020, nombre d'artistes ont profité de cette période pour être plus créatifs qu'ils ne l'avaient initialement prévu. La seconde moitié de 2020 a vu la floraison de nombreux albums inspirés plus ou moins de la Covid 19. Rick Miller, déjà connu pour sa régularité à sortir pratiquement chaque année un nouvel album, en profite pour redoubler d'inspiration en proposant son deuxième disque dans la même année, "Unstuck In Time".

Une recrudescence d'activité qui ne pouvait qu'inquiéter la rédaction de Music Waves. L'opus précédent du Canadien, "Belief in the Machine", nous avait en effet paru bien fade, ressassant sans originalité les mêmes recettes déjà exploitées jusqu'à la trame par Rick Miller. Alors, un deuxième album quelques mois plus tard… Inquiétude renforcée en constatant que la structure de l'objet était la copie conforme de son prédécesseur : deux morceaux dépassant les dix minutes encadrant une poignée de titres plus courts.

Mais les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets. Si les 11 minutes de 'Correct to the Core' qui introduisaient "Belief in the Machine" auraient facilement pu être ramenées à trois-quatre minutes, tant le titre avait peu de choses à dire, les douze minutes de 'The Plague' sont amplement justifiées et alternent passages instrumentaux tantôt lugubres, tantôt atmosphériques, guitare floydienne, chant flegmatique et chœurs grégoriens pour un rendu très cinématique.

Très cinématique également, et particulièrement inquiétant, 'Fateful Apparitions' installe une atmosphère funèbre et fantomatique inhabituelle chez Rick Miller qui sort enfin de sa zone de confort avec bonheur. Profitant de cette velléité d'émancipation, 'Covid Concerto' (inspiré par vous savez quoi) est un instrumental où sonorités électro et violon virevoltant créent un pesant sentiment d'urgence contrebalancé par l'ambiance espagnole rafraichissante de 'La Causa', entre guitare hispanisante et jeu de percussions imitant les castagnettes.

Les autres titres sont plus dans la ligne mélodique "classique" du Canadien, pour le meilleur ('Lost Continuum' et son atmosphère camelienne) ou le pire (l'irritant 'In Sync with the System'). Si les parties de guitare sont particulièrement agréables, qu'elles soient arpégées ou se lançant dans des solos stratosphériques, réhaussées des interventions de la flûte, du violon et du violoncelle, le chant demeure le talon d'Achille de Rick Miller. Le timbre est certes agréable mais dépourvu d'émotions et génère à la longue un sentiment de monotonie, fort heureusement contrebalancé par de longues plages instrumentales.

En acceptant de sortir de sa zone de confort, Rick Miller réussit à (res)susciter un intérêt que nous pensions définitivement disparu. Si "Unstuck In Time" n'est pas follement original, il recèle néanmoins suffisamment de mystère pour rendre son écoute intéressante.

RICK MILLER

UNSTUCK IN TIME

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ROCK PROGRESSIF