Cela ne saute évidemment pas aux oreilles mais Dark Zodiak est emmené par une femme chargée de vociférer dans le micro. Simone Schwartz est moins sexy que Alissa White-Gluz (Arch Enemy) mais les amateurs de bon vieux death qui tache corseté de chant féminin (?) ne peuvent ignorer ce groupe allemand. Son origine géographique lui commande d'ailleurs une approche à la fois old school et féroce suçant les grasses mamelles de ce thrash typique des aciéries d'Outre-Rhin.
Repéré grâce une deuxième cartouche d'une redoutable efficacité ("Landscapes Of Our Soul") et des concerts partagés avec la crème du thrash teuton des années 80 (Tankard...) dont il assure la relève, Dark Zodiak lance l'année 2021 avec un troisième assaut qui se doit non seulement de confirmer le potentiel défloré par les deux opus précédents mais aussi le propulser dans la division supérieure. "Ophiuchus" affiche tous les attributs pour cela, concentré de brutalité aussi millimétrée que viscérale. Avec la puissance de feu du Sturmgewehr 44, le quintet dératise tout sur son passage, alignant dix titres en un maillage sanglant d'une cruelle intensité. Comme d'autres mais avec en sus un sens des ambiances méphitiques, il accouple la bestialité du death metal à la force galopante du thrash. Du premier, il conserve ces vocalises d'animaux égorgés aux confins du grind ('Invisible Apocalypse') et du second, il extrait cette rythmique de Panzer et ces riffs qui donnent envie de se déboiter les cervicales, témoin ce 'From Thrash Till Death' aux allures de profession de foi.
De Simone qui éructe comme si sa vie en dépendait à ses compagnons bouchers techniquement ultra affûtés, tout l'équipage se dresse à l'unisson d'une violence implacable où la basse de Steffanie Knab claque comme une peau pendue à un croc de boucher ('2020 A.D.'). C'est donc une véritable leçon que nous assènent en pleine face ces Allemands énervés auxquels les blitzkriegs ('Heaven, Earth And Beneath') siéent autant que les malsaines reptations ('Ophiuchus') alors que les saillies mélodiques ne sont pas non plus pour leur déplaire ('Total Freedom'). S'il a le bon goût de ne pas toujours se prendre au sérieux ('Humor'), Dark Zodiak ne rigole pas vraiment, accouchant de la bande-son de l'Apocalypse au bord de laquelle notre civilisation semble prête à sombrer.
Héritier du death thrash à l'allemande, Dark Zodiak enfante avec "Ophiuchus" un album imparable qui lui permet de cogner à la porte des grands du genre.