TRETTIOARIGA KRIGET: Till Horisonten (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Si le temps de "Seaside Air" (2016), leur précédent album, les Suédois de Trettioåriga Kriget (La Guerre de Trente Ans) avaient délaissé leur langue natale au profit de l'anglais, "Till Horisonten" les voit renouer avec l'idiome qu'ils avaient défendu jusque-là sur leurs huit précédents albums. Une fidélité à leurs racines qui se traduit également par la stabilité exceptionnelle du line-up, inchangé depuis leurs débuts il y a de cela bientôt… 50 ans.

Nous avons donc affaire à un vétéran du progressif dont les racines puisent aux sources d'un rock fortement typé 70's, ayant retenu de la période le caractère dépaysant nimbé d'une douceur mélancolique plutôt que le côté expérimental et aventureux. Hormis l'introduction et la conclusion de 'Staden' dont les guitares dissonantes et la rythmique cataclysmique évoquent King Crimson, le reste du voyage s'annonce plutôt calme et mélodieux.

Ce qui ne signifie pas ennuyeux. Car Trettioåriga Kriget joue intelligemment avec les durées des morceaux (de 49 secondes à presque 14 minutes) et les ambiances, évitant tout effet de lassitude tout en conservant à l'album son homogénéité. 'In Memoriam' et 'Brevet' assument un rock dynamique et nerveux, 'Tidigt' se pare de teintes atmosphériques, 'Till en Vän' suinte la mélancolie et 'En Gång' respire à plein poumons le folklore scandinave. Moment de bravoure du disque, 'Vägen Till Horisonten', entièrement instrumental, est une succession de thèmes mélodieux et apaisants ressemblant à un croisement entre Wishbone Ash, Camel et Genesis.

Les mélodies sont essentiellement portées par les guitares, électriques ou acoustiques, de Christer Åkerberg. Omniprésentes, elles se déclinent en riffs et en arpèges, n'oubliant pas de nous servir de délicieux solos sur la plupart des titres. La basse doit également être créditée d'un travail remarquable, donnant beaucoup de relief aux morceaux, bien aidée par une batterie efficace. Les claviers manifestent le plus souvent leur présence en nappes majestueuses tapissant l'arrière-plan des chansons. Le chant, partagé entre Robert Zima et Stefan Fredin, est sobre, voire neutre. Certainement talon d'Achille du groupe, les auditeurs les plus cléments lui trouveront le caractère flegmatique du Canterbury (Caravan, Camel, Hatfield & The North), les autres le jugeront sans doute monotone.

Avec "Till Horisonten", Trettioåriga Kriget déroule un rock progressif seventies délicat, dénué de complexité mais teinté de quelques touches inventives et dont la mélancolie bienveillante des mélodies plonge l'auditeur dans un univers apaisant et relaxant, véritable baume dans la période tourmentée et anxiogène que nous traversons.

TRETTIOARIGA KRIGET

TILL HORISONTEN

AUTRE LABEL

ROCK PROGRESSIF