ROYAL HUNT: Dystopia (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Voilà 28 ans que Royal Hunt nous délivre ses albums de metal progressif. Ils sont désormais au nombre de quinze avec le petit dernier dénommé "Dystopia". La moyenne d’un opus tous les deux ans est donc dépassée. La performance est plus que notable, notamment dans ce genre musical peu enclin à une générosité productive conséquente. "Devil’s Dozen" (2015) et "Cast In Stone" (2018), les deux derniers albums studio en date des Danois nous avaient déçus. Royal Hunt semblait être à la peine question inspiration et donnait l’impression de commencer à tourner en rond. C’est donc avec un plaisir baigné d’inquiétude que nous accueillons ce "Dystopia".

Quand on sait qu’une dystopie relate une histoire prenant corps dans une société imaginaire où il est impossible d’atteindre le bonheur, on se dit que choisir un tel nom d’album en cette sombre année 2020 n’est certainement pas un hasard. Cependant, ce concept-album n’est aucunement basé sur une crise sanitaire. Il s’inspire d’un roman de Ray Bradbury, certes dystopique, mais contant les affres d’un pays soumis au joug d’une dictature qui condamne la lecture et brûle les livres. Son nom est le point d'auto-inflammation du papier : Fahrenheit 451. Cette référence à un chef-d’œuvre de la littérature est donc de bon augure, gageons que Royal Hunt saura y faire honneur.

Question personnel de bord, le groupe est resté soudé autour des deux maîtres à bord, DC Cooper au micro et André Andersen aux claviers. Cependant, quelques personnalités sont venues renforcer le quintet. Ils ont pour nom Mark Boals, le chanteur ayant précédé Cooper avant son retour chez Royal Hunt en 2011, Henrik Brockmann le premier frontman du groupe, et deux autres voix qui œuvrèrent chez Narita et Candelmass, Kenny Lubcke et Mats Leven. L’album dure près d’une heure, et disons-le sans plus attendre, il est larger than life !

C’est bien simple, tout ce que savent faire les Danois quand ils sont en verve est de retour sur cet opus. Des élans symphoniques qui collent des frissons aux mouvements progressifs qui transportent dans des montagnes russes, de la luxuriance des envolées mélodieuses élégantes qui restent incrustées dans l’esprit aux orchestrations cinématiques sublimes libérant avec force des images à foison, tout y est. Emotionnellement poignant, d’une richesse harmonique majestueuse portée par des chœurs fastueux, ce metal-opéra qui distille avec subtilité une tragique atmosphère est une parfaite réussite. Cet entrelacs de titres magistralement confectionnés ne saurait permettre d’en extraire un seul pour le mettre en avant. "Dystopia" est un tout, un bloc, un monolithe.

Les Chasseurs Royaux sont enfin sortis de leur réserve. Oubliés les récents désappointements, le blason vient de retrouver ses éclats d’antan. Voilà dix ans, depuis…"X", que les Danois ne nous avaient pas autant gâtés. Alors ne manquez surtout pas le retour du groupe de metal progressif le plus classe de la planète !

ROYAL HUNT

DYSTOPIA

AUTRE LABEL

METAL PROGRESSIF