Ronnie Atkins (né Paul Christensen), le célèbre chanteur de Pretty Maids, et ultérieurement de Nordic Union, a déjà une longue carrière derrière lui. Voilà en effet quarante ans que son groupe de prédilection a vu le jour. Quatorze albums plus tard, le quinquagénaire se décide à sortir son premier opus solo. "One Shot" est le nom que le Danois a souhaité lui donner.
Le frontman a appris au printemps dernier une bien mauvaise nouvelle qui l’emmène à se battre depuis lors contre un cancer avancé diagnostiqué incurable. Jusque-là peu enclin à travailler sur une œuvre en solitaire, mais ne pouvant espérer partir sur les routes pour défendre la dernière production de Pretty Maids, il a souhaité se donner un objectif. "One Shot" a ainsi vu le jour. Chris Laney, l’homme aux claviers des Maids, l’accompagne dans cette aventure, tout comme le bassiste Pontus Egberg (Treat, ex-The Poodles), le batteur Allen Sorrensen (ex-Royal Hunt) et une liste d’amis guitaristes longue comme le bras. Le premier nommé se charge également de la production, Atkins clamant haut et fort qu’il lui doit son enthousiasme à construire ce projet qui n’aurait pas vu le jour sans lui.
Moins bâti sur la puissance qui charpente les travaux de Pretty Maids, ce "One Shot" s’avère néanmoins empreint des mélodies qu’offre le combo d’Horsens. Toutefois, ne vous méprenez pas, cette production ne va pas jusqu’à verser dans l’AOR. En effet, même si Madame Mélancolie affleure la surface de quelques titres de l’ouvrage, le rock délivré par Atkins est suffisamment hard pour tenir éveillé. "One Shot" est une œuvre qui s’avère plus personnelle que celles que le Danois offre habituellement, ses intentions conceptuelles régnant ici sans partage, guidées qu’elles sont par ses états d’âme d’homme en sursis. Et l’écoute de l’album prend alors une bien particulière dimension…
Les envolées mélodiques proposées ici provoquent dans leur très grande majorité une émotion ambivalente. Celle-ci nous galvanise et donne envie de mêler notre voix à celle de Ronnie, mais elle diffuse aussi des effluves mélancoliques nous rappelant combien l’inacceptable est cruel. Nous ressentons alors le besoin d’insuffler en lui toute la force que mérite cet artiste talentueux, ce vieil ami. S’il s’avérait nécessaire d’édifier un podium élargi pour glorifier quelques titres de cet opus linéaire dans ses qualités, il pourrait accueillir en son point le plus haut le morceau éponyme - très proche des sons auxquels nous habitue House Of Lords. Il serait suivi de près par l’entrainant 'Frequency Of Love', le fort FM 'Real', le prenant 'Picture Yourself' et l’étincelant 'I Prophetize' qui ramène indubitablement à Pretty Maids.
Rendons grâce à ce "One Shot" qui nous permet de retrouver avec un furieux plaisir Ronnie Atkins. Cet ami, qui depuis quatre décennies ne nous veut que du bien, vient une fois de plus de nous faire cadeau d’un bel album marqué par son empreinte inimitable. Croisons désormais les doigts pour que cet opus solo soit un jour prochain suivi d’un "Second Shot" qui signifierait que notre Danois préféré est encore parmi nous.