CLIVE NOLAN: Song Of The Wildlands (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Automne 1982. Le jeune Clive Nolan (il a alors 21 ans) assiste à un concert de Marillion à Londres. Impressionné entre autres par le titre ‘Grendel’, il déclare : "Un jour, ces gars-là vont travailler avec moi", et il avait en partie raison - Arena a été créé 13 ans plus tard avec le batteur de l’époque, Mick Pointer. ‘Grendel’ l'inspire pour écrire le titre ‘Loki’, dès son retour du concert. Au printemps 2021, le même Clive Nolan, après moult projets, fait paraître "Song of The Wildlands", adaptation d’un poème épique majeur de la littérature anglo-saxonne (VIIè siècle), qui met en scène un guerrier devenu roi après avoir vaincu un monstre redoutable : Grendel. La boucle est bouclée.

Oyez donc, Messires et gentes Dames, la geste de Beowulf, jeune guerrier qui osa s’attaquer au démon Grendel, mais dut également occire la mère d’icelui, éperdue de vengeance, puis régna pendant 50 années avant de périr dans un combat contre un dragon. Avec un tel thème, Clive Nolan confirme son goût pour les récits et, en utilisant le fruit de toutes ses expériences passées, impose un réel souffle épique à ce "Chant des Contrées Sauvages". Ceux qui ont suivi le claviériste reconnaîtront une forte parenté avec "The Hound of Baskerville", avec une coloration orchestrale plus marquée héritée de Caamora, tout en conservant les atmosphères "intranquilles" qu’il affectionne avec Arena. Pour donner plus d’amplitude à la réalisation de son projet, Clive s’est adjoint les services d’une centaine de choristes et même d’une section de plain chant qui renforce l’aspect religieux de certaines pièces (‘Journey’ ou le magnifique ‘Funeral Pyre’). Il faut reconnaître que l’ensemble a fière allure, d’autant que Clive n’hésite pas à déployer des polyphonies vocales (‘Crossing The Ocean’) ou des touches celtiques (l’utilisation du violon sur ‘Celebration’, par exemple) qui vont jusqu’à rappeler le Mike Oldfield de "Ommadawn" (‘Beowulf, the King’).

Chanteurs et musiciens sont au diapason - certains sont de vieilles connaissances de Clive : Mark Westwood (Shadowland, Caamora), Christina Booth (Magenta) ou Scott Higham (Pendragon). Les seules réserves à apporter à ce bel ensemble - qui parvient quasiment tout le temps à éviter le côté pompeux, limite sur ‘Rewards’ - tiennent dans l’orientation que Clive a voulu insuffler au projet : il paraît évident qu’il a voulu premièrement garder un esprit chanson de geste en faisant précéder chacun des morceaux d’un récitatif explicatif. Le procédé est louable sur le plan du récit, mais entrecoupe la trame de parlottes qui cassent la continuité musicale et peuvent rapidement agacer (d’autant que mises bout à bout, elles occupent quand même plus de 9 minutes...). En second lieu, Clive a placé ses claviers sur un plan orchestral (très réussi, d’ailleurs) qui n’évolue quasiment qu’en accompagnement. En conséquence, aucune partie instrumentale conséquente ne vient se déployer, et il est permis de le regretter.

Il n’en reste pas moins que la saga est remarquablement traduite en musique : Clive Nolan s’est offert un beau jouet avec son ensemble choral, et en l’utilisant avec l’expérience de ses projets antérieurs, restitue avec maestria le souffle de l’épopée.

CLIVE NOLAN

SONG OF THE WILDLANDS

AUTRE LABEL

ROCK PROGRESSIF