Après avoir essuyé une refonte de line-up conséquente - seuls Ben Sotto et Charley Corbiaux sont rescapés de la formation originale - Heavenly nous revient pour un quatrième album studio. Il n’est plus ici question de concept album narrant les péripéties d’un vampire, comme c’était le cas pour le très réussi Dust to Dust, mais de morceaux indépendants les uns des autres.
Mis à part ce léger changement, on ne peut pas dire que la formation française ait bousculé son style, comme en témoigne l’excellent titre d’ouverture The Dark Memories. Ainsi nous retrouvons ce power metal symphonic aux chœurs grandiloquents et fines orchestrations. Le refrain est un modèle du genre, le solo de toute beauté et la construction du titre suffisamment recherchée. Nous voilà rassurés.
Souvent taxé à raison de clone de Gamma Ray et autre Freedom Call, le groupe doit ces comparaisons à son chanteur caméléon Ben Sotto, capable de singer avec une facilité déconcertante les cadors du genre que sont Kai Hansen, André Matos ou encore Timo Kotipelto. Ce plagiat assumé est à la fois la tare du combo et sa force, puisqu’on a l’impression de se retrouver face à une dream team du power metal. Mais même si le chanteur excelle dans son style, il pourra en rebuter plus d’un de part son registre très haut perché, limite ultra sons. Le deuxième morceau, le remarquable mi-tempo Spill Blood on Fire, achève de convaincre que nous sommes bien en terrain connu.
Mais Heavenly pratique un style peu évident, où il suffit d’un rien pour qu’un morceau de bravoure se transforme en titre ridicule. Ce « rien » se retrouve malheureusement sur la troisième compo, Virus. Malgré une très bonne intro et des claviers tout droit sortis d’I Want Out, le titre se noie dans un refrain happy metal risible au possible, et surtout cette fin de morceau proprement imbuvable, véritable caricature du genre avec ses orchestrations pompeuses et sa pseudo envolée lyrique. Dès lors, un traumatisme s’opère, laissant planer un sentiment de grotesque qui va persister jusqu’à la fin de l’album.
Heureusement, The Power and the Fury et surtout le puissant Wasted Time, qui voit le leader de Sonata Arctica Tony Kakko faire une intervention plutôt discrète, relèvent amplement le niveau. Jusqu’à Liverty, nous avons affaire à une succession de titres plus qu’honnêtes, qui vont jusqu’à nous faire oublier le « choc » Virus. Mais, alors qu’on se croit tiré d’affaire survient l’ignoble ballade When the Rain Begins to Fall. Ce duo avec Tanja de Lullacry est d’une mièvrerie insoutenable, que ce soit dans ses paroles ou ses claviers 80’s kitsch comme rarement.
Virus n’est donc pas un mauvais album, bien au contraire. Seulement, son morceau éponyme et sa ballade plombent le tout et l’empêchent de se hisser au même rang que Dust to Dust, qui ne comportait pas de morceau faible. Peut-être que traiter d’un sujet sur les vampires en obligeant le groupe à assombrir ses ambiances pour coller au thème leur permettait de se forger un style propre et d’éviter les écueils du happy metal auxquels Virus se voit clairement exposé. Toujours est-il qu’Heavenly nous livre ici un bon album aux faiblesses facilement pardonnables, qui prouve qu’il faut désormais compter sur eux parmi l’élite du power metal.