Horskh comme son nom ne l'indique pas est originaire de Besançon. Le trio franc-comtois, mené par Bastien Hennaut, sort en 2015 ''Dawn'', un EP metal indus (relooké en version de luxe) qui laisse la part belle à l'electro. Deux ans plus tard, c'est au tour de ''Gate'' d'ouvrir un nouveau chapitre, le groupe a attendu 4 ans avant de boucler cette trilogie avec l'album "Wire".
Pour une durée de 34 minutes et douze titres, le groupe nous conduit de l'autre côté, là où un monde sombre et dangereux semble nous attendre. La courte durée de vie n'en est pas pour autant un défaut, car l'allure n’est pas de tout repos. ''Wire'' se présente comme un parangon du son d'Horskh. Le trio œuvre dans un metal indus jouissif plutôt dominé par l'électro. Dès l'ouverture de 'Strobes' avec des sons analogiques quasi inaudibles, l'auditeur sait que l'écoute sera une partie de plaisir s'il apprend à apprivoiser des sonorités quelque peu malaisantes (en quelque sorte trouver du plaisir dans la torture). Les rythmes s'accélèrent comme la course d'un train fantôme qui aurait déraillé et continuerait de tracer son chemin sans se soucier des rails, et s’ils ralentissent parfois, c'est pour reprendre de plus belle une vitesse infernale ('A Breath Before The Fall'). Les guitares participent à cette fête païenne et se manifestent par quelques riffs tranchants ('Mud In Wheels', 'A Breath Before The Fall', 'Common Crimes'). La batterie est impeccable, robotique à souhait mais avec un contrôle et une dextérité qui ne peuvent être qu'humains. Contrairement à Shaarghot, Horskh ne mise pas sur des sonorités dansantes mais sur des rythmes lourds et écrasants qui viendraient pulvériser les danseurs sur le dancefloor ('Common Crimes'). Le chant hurlé et torturé alterne avec un chant plus clair et incisif ('Break Off'), parfois horriblement déformé ('A Breath Before The Fall', 'Black Switch'). Jaz Coleman a encore fait des émules, la plupart des chanteurs du genre s'en réclamant (parfois inconsciemment). On regrettera toutefois l'absence d'une ballade vénéneuse, un morceau qui court-circuiterait un ensemble plutôt homogène. Car l'unique reproche que l'on pourrait faire à ''Wire'' serait de griller trop rapidement ses cartouches en début d'album, laissant la suite quelque peu prévisible (mais jamais ennuyeuse).
Le groupe semble se faire de plus en plus confiance au niveau instrumental comme le prouve une partie de 'Stolen Memories' (les sons electro surprennent et rappellent parfois Tangerine Dream !) ou encore l'ultime piste 'May Day' qui nous laisse savourer la victoire complète des ténèbres sur les humains, ce qui pourrait justifier l'absence de voix. On apprécie également l'idée d'insérer quelques courtes pistes qui participent au décollage des pistes suivantes ('Trying More'). Espérons que cette expérimentation instrumentale sera plus tard développée sur un format dépassant les 2 minutes.
Avec ''Wire'', Horskh prouve qu'il est toujours branché sur un courant electro-indus. L'album est une fleur noire effeuillée par des sonorités agressives portées sur l'electro mais avec un esprit jubilatoire. Les Franc-Comtois ont décidé d'aller à l'essentiel avec un album court mais toujours aussi percutant. Les amateurs de metal indus y trouveront leur compte, les mélomanes avertis feraient bien d'y jeter leurs deux oreilles.