Mis à part DGM et Eldritch, les productions italiennes de metal progressif se font rares ces dernières années, du moins celles qui traversent les Alpes pour arriver jusqu’à nos oreilles françaises. C’est donc avec une curiosité remplie d’espoir que nous découvrons 3 Dreams Never Dreamed, Le groupe n’en est pourtant pas à son coup d’essai car, même si son premier album, "A Vanishing Day", est passé inaperçu en 2012, il affiche quand même près de quatorze ans de carrière. Pour leur deuxième effort, les Milanais ont mis les petits plats dans les grands : album concept, univers marqué (celui du cirque), pochette voyante, production irréprochable, tout y est ou presque. Reste à savoir si la musique est à la hauteur de l’ambition affichée par les Lombards.
La réponse est : pas vraiment. Disons que "Another Vivid Detail" pêche par un excès d’application, par une volonté un peu maladroite de vouloir trop bien faire. Il manque à cet album la folie et l’exubérance de l’univers circassien qu’il est censé décrire, un peu comme si Fellini avait eu l’idée saugrenue de réaliser un épisode de Derrick. La faute sans doute au metal progressif policé et parfois soporifique de 3 Dreams Never Dreamed, qui se révèle bien plus influencé par le doom (sur la majorité des morceaux) que par Dream Theater, malgré des lignes de chant souvent inspirées par James Labrie (‘The Black Dressed Clown’, The Poet’).
Malgré tout, cette couleur doom prog qui domine tout l’album réserve parfois de bonnes surprises. C’est le cas de l’excellent ‘The Dance’, fortement inspiré d’Oceans Of Slumber ou encore d’‘Another Vivid Detail’ dont les passages electro rappellent inévitablement Lunatic Soul. Hélas, trop de morceaux sont plombés par un manque d’inspiration mélodique et par des effets de style redondants qui se répètent de titre en titre, comme si le groupe voulait montrer coûte que coûte qu’il possède un style bien à lui, alors qu’il ne fait qu’utiliser les standards du doom (riffs anorexiques, rythmiques minimalistes, guitare lead en soutien du chant).
Coincé entre un univers coloré et une musique terne, empêtré dans un doom nonchalant et un metal prog trop sage, "Another Vivid Detail" est un album trop pensé, trop réfléchi, trop storyboardé qui échoue à nous révéler la vraie personnalité de 3 Dreams Never Dreamed. Comme quoi, en musique comme ailleurs, le mieux est souvent l’ennemi du bien.