HANGING GARDEN: Blackout Whiteout (METAL ATMOSPHERIQUE) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Décidemment, les Finlandais d’Hanging Garden confirment qu’ils sont imprévisibles. Après un "Teotwawki" (2009) tellurique, "At Every Door" et l’EP "I Was A Soldier" (2013) revenaient vers des territoires plus abordables tout en faisant toujours preuve d’une noirceur abyssale. A la sortie de ce "Blackout Whiteout", les amateurs ne manqueront pas de s’interroger sur un visuel totalement différent de ce dont le genre musical dédié à la mélancolie scandinave a pour habitude de nous gratifier. Quelle peut bien être la signification de ces lèvres rougeoyantes plaquées contre la vitre que semble représenter la pochette de cette nouvelle livraison discographique de la formation du pays des mille lacs ?

Les premiers accords de ‘Borrowed Eyes’ qui lance ce nouvel opus, éclairent rapidement sur les intentions du gang mené par Mikko Kolari. Le quintet ouvre ici les portes à des influences très mélodiques en provenance de styles tels que le neo-metal, le metal atmosphérique ou le rock alternatif. De discrètes boucles électro viennent s’enrouler autour d’une basse hypnotisante alors que le chant clair ne laisse que quelques miettes aux growls originels. Tout au long des huit titres suivants, Hanging Garden semble se lancer dans de nouvelles expérimentations visant à enrichir une identité artistique déjà vaste pour une formation d’à peine dix ans. L’introduction d' ‘Eclipse’ s’étirant sur plus de deux minutes en est un des plus brillants exemples. Rappelant les compatriotes de Thence, ce titre mêle éléments planants, structure progressive et mélancolie septentrionale pour un résultat envoûtant.

"Blackout Whiteout" a subi les foudres des critiques à l’époque de sa parution, mais il mérite ici d’être réhabilité car il apparait désormais comme une étape indispensable à la construction de la formation originaire de Mikkeli. Certes, une pièce telle que ‘Words That Bear No Meaning’ pousse un peu loin les expérimentations pour finir par se révéler trop dissonante et d’un intérêt limité. Effectivement, après les secousses sismiques des albums précédents, le dépaysement est assez saisissant. Mais, louvoyant entre un Swallow The Sun qui a lui aussi débuté sa mue avec un "Emerald Forest And The Blackbird" plus aérien, et un Thence dont le "These Stones Cry From Earth" vient de faire tomber de nombreuses frontières entre différents styles musicaux, le voyage proposé ici mérite d’être parcouru avec un esprit accessible et réceptif à une mélancolie s’ouvrant à la mélodie.

C’est sans a priori qu’il convient de se lancer dans la découverte de "Blackout Whiteout". Comme l’indique son titre, cet album s’engage sur des territoires aux teintes nuancées, loin d’un simple noir et blanc, même si la mélancolie reste le phare auquel il est toujours possible de se repérer. Hanging Garden continue de se vouloir inclassable, ce qui le rend attachant et passionnant mais qui, en désorientant régulièrement son public, le prive d’une reconnaissance à la hauteur de son talent.

HANGING GARDEN

BLACKOUT WHITEOUT

LIFEFORCE

METAL ATMOSPHERIQUE