Nombreux sont les auditeurs qui attendent d’un album de reprises qu’il offre une version revisitée des morceaux originaux. Si vous faites partie de cette catégorie de personnes, soyez rassurés. On savait les Germains adeptes de la polyphonie, et cette caractéristique est comme l’on pouvait s’y attendre une nouvelle fois au cœur de cet opus.

La voix envoûtante de Mélanie Mau ouvre seule le bal avec une reprise de ‘Dancing With The Moonlit Knight’ de Genesis haute en couleur. Outre sa voix profonde et chaleureuse, la chanteuse a cette capacité à ne pas surjouer et à garder une approche sobre, pour un résultat d’une grande pureté. Vocalement, le résultat est donc très abouti tout le long comme sur la reprise de ‘Dark Water’ de Agent Fresco, rappelant Moon Safari sur la scène progressive.

Tellement abouti que parfois, nous pourrions reprocher au combo de prendre quelques libertés sur certaines lignes vocales très fortes dans leur version originale, afin d’obtenir une touche plus personnelle, ce qui casse parfois quelque peu la dynamique de la version du morceau que l’on connaît tous. L’intro a cappella de l’excellent ‘Reasons’ de Pain Of Salvation en est le meilleur exemple. En voulant obtenir un résultat plus libre et déconstruit, l’impact et l’intérêt s’en retrouvent tout de suite limités quand on le compare aux lignes de chant des Suédois, avec leur phrasé net, précis et impeccable. Il s’agit néanmoins du seul reproche que nous pourrions éventuellement formuler, tant le reste est brillant de maîtrise.

Martin Schnella, de son côté, s’impose en maître de la guitare folk, en plus d’avoir une très belle voix et d’apporter des harmonies magnifiques tout au long du disque. Certaines chansons présentent une personnalité très affirmée comme ‘Dancing With The Moonlit Knight’, dans sa veine folk médiévale celtique. Les musiciens n’hésitent pas à surprendre, comme avec la reprise de ‘Creeping Death’ de Metallica, dans un style diamétralement opposé du leur. Force est de constater que cela fonctionne plus que bien. Certains titres auraient même mérité d’être un peu plus garnis sur le plan instrumental, comme l’exceptionnel ‘Miracles Out Of Nowhere’ de Kansas, titre impressionnant, qui aurait pu être encore meilleur si d’autres instruments s’étaient joints à la fête.

Il n’empêche que les deux Allemands livrent ici un album de reprises très puissant et d’une grande richesse, avec des morceaux d’une grande pureté et à l’exécution impeccable. ‘Running Up That Hill’ de Kate Bush est une pièce merveilleuse, avec notamment un Martin Schnella omniprésent à la guitare acoustique, tandis que ‘Poesie Im Sand/Ljóð í Sand’ de Arstidir touche la corde sensible avec sa flûte enchanteresse rappelant de magnifiques paysages hivernaux. Dans des registres plus enjoués, nos deux compagnons excellent là encore, comme en témoigne la reprise de ‘Don’t Stop Me Now’ de Queen, grâce à un travail vocal encore une fois exceptionnel.