Gary Hughes est le géniteur du groupe de hard rock mélodique Ten. Auteur de quatorze albums depuis 1996, le combo laisse son frontman s’évader librement le temps d’opus solos qui lui permettent de vivre une aventure plus personnelle. Celle-ci a débuté sept ans avant que le premier album de son groupe n’envahisse les bacs des disquaires. "Waterside" est sa dixième œuvre en solitaire.
Pas rancuniers pour deux sous, Dann Rosingana et Darrel Treece-Birch, guitariste et homme aux claviers de Ten, viennent donner un coup de main au maître des lieux sur ce nouvel envol hors du nid. La voix de Hughes est aisément reconnaissable. Aussi, à l’écoute de cette nouvelle production, il est fort peu aisé de se détacher de ce que l’ex-chevelu blondinet propose avec son groupe de base. Quand le chanteur au gosier de velours sort du cocon de son combo de prédilection, il fait du Ten, le côté hard rock en moins sur ce cru 2021.
Il est en effet très difficile de parler ici de style ébouriffant tant les propos sont apaisés, voire gentillets. Entamer l’opus par une ballade c’est annoncer d’emblée la couleur, ce qui a le mérite d’être clair : "Waterside" ce n’est pas du hard rock, c’est tout au plus de l’AOR. 'All At Once It Feels Like I Believe' est un bien joli morceau, mais question montée de sève on a connu mieux du côté du Père Hughes. Quand trois plages plus tard survient la seconde chanson douce, on se dit que les porteurs de pacemakers vont pouvoir respirer tranquille. L’opus s’achevant sur un troisième slow, nous irons jusqu’à dire qu’ils pourront même dormir tranquille.
Pour le reste, il s’agit de rock en mode mid-tempo d’où émergent deux titres et quelques passages notables. L’excellent 'The Runaway Damned', tiraillé entre Springsteen et Ten, fait partie des premiers, tout comme 'Video Show', qui ramène Hughes à son groupe d’origine, et déclenche quelques tapotements du pied. Pour ce qui est des seconds, citons les guitares enjouées d’'Electra-Glide', le rythme alléchant des couplets et les deux soli attrayants de 'Seduce Me'' et celui de 'Laydown' qui décroche le titre du médiator d’or de l’opus.
La suite est à mettre au rayon encéphalogramme plat. La palme revient au titre éponyme qui, doté d’une intensivité de 2,5 watts, est d’une insipidité soporifique et d’une répétitivité assommante. Il est suivi de près par 'Laydown' qui met la bave aux lèvres lors de ses notes introductives, mais débouche sur huit minutes qui (sauf sur le solo) ne mettront pas votre sang en effervescence, notamment sur le refrain aussi plat qu'une raie manta.
Nous attendions avec une certaine impatience cet opus de Hughes qui nous boude avec Ten depuis trois ans. Las, son concepteur nous propose, avec ce 'Waterside', un bien insipide breuvage qui ne satisfera que les moins exigeants de ses indéfectibles aficionados. Il ne nous reste plus qu’à espérer que cet excellent interprète compositeur renoue avec sa verve d’antan avec le prochain opus de son groupe phare que nous souhaitons tous retrouver au plus vite.