Après une décennie à fréquenter le milieu death metal avec leur groupe Obivion999, les deux guitaristes Diego Angeli et Francesco Poggi ont décidé de se lancer dans un projet musical différent. Avec le concours de quatre autres musiciens d’horizons divers, leur ambition était d’investir un rock plus éclectique et mélodique qui s’incarne dans Blue Hour Ghosts. Après un premier album en 2016 et un live dans la foulée les Italiens reviennent avec "Due".
La musique de Blue Hour Ghosts est aux antipodes du death metal underground qui a accompagné les premières aventures musicales de ses deux principaux compositeurs. Mais l’expérience a certainement endurci le caractère de deux musiciens qui ont stratégiquement pensé leur reconversion et quitte à basculer dans quelque chose d’accessible, autant le faire avec une originalité qui leur assurera peu d’équivalent dans le genre. La style de Blue Hour Ghosts est une variante baroque de heavy rock assez cadré pour ne pas s’éparpiller, avec une assise mélodique prépondérante et truffé d’ambiances gothiques, de renforts acoustiques et d’édulcorants electro qui en adoucissent le tranchant. La part des arrangements et du design sonore au rendu final des titres est majeure et marquée par l’investissement tant artistique que technique du producteur Giuseppe "Dualized" Bassi.
La musique de Blue Hour Ghosts occupe une place relativement vacante dans le paysage, quelque part entre le power progressif de DGM époque Tita Tani et le rock éclectique de Profusion, et la provenance transalpine commune nous incline à parler d’une patte intrinsèquement italienne. "Due" alterne ainsi judicieusement les formats dynamiques (‘Walking Backwards’, ‘Fearless’, ‘Lower The Wires’), le rock à la fraicheur pop (‘Dead in August’, la darkwave ‘On Black Clouds’) et les gabarits intermédiaires axés sur de poignantes progressions (‘Damn Wrong’ ou le mid-tempo mélancolique à l’âpreté alternative ‘Shine’). Les talents de Blue Hour Ghosts sont multiples et éclatants, plus particulièrement dans des refrains qui colonisent les têtes grâce à des développements vocaux soignés (l’émotionnel final ‘Involved/Bored’, ‘Disheartened’) et une écriture à la fois directe et capable de débordements fructueux comme les ponts courts et percutants de ‘Walking Backwards’, ‘Lower The Wires’ et ‘Involved/Bored’.
Pour un deuxième album et sachant de quel univers proviennent ses musiciens, on s’incline devant la qualité et la maturité stylistique de "Due". Les Italiens maîtrisent leur partition de bout en bout sans laisser aucun secteur en souffrance et délivrent un album homogène, travaillé, accessible et addictif qui ne manque pas de porter une estampille singulière. Si le seul défaut du disque est d’en offrir trop peu à notre goût, il nourrit en outre la certitude que le groupe n’a pas encore donné toute l’étendue de ses potentiels.