"To Cut A Long Story Short" est un disque dont nous aurions aimé ne dire que du bien. Pour de nombreuses raisons. Parce qu'il est entraîné par un chant féminin, celui de Caro Loy, lionne gueularde bourrée d'énergie dont la performance ravageuse n'a d'égale que la blonde beauté. Parce que, associée au guitariste Kurt Bauereiss, elle anime depuis 2014 ce sympathique duo baptisé Brunhilde. Parce que le punk rock fardé de féminité est une source intarissable de jouissance remuante, comme l'ont illustré les deux premières cartouches du tandem bavarois, "Dollhouse" puis "Behind My Mind", respectivement gravés en 2015 et 2017. Parce que le fait que le groupe ait été remarqué par le producteur Charlie Bauerfeind, au pedigree plus heavy que punk (Helloween, Saxon, Hammerfall et tant d'autres) annonçait un virage métallique qui n'était pas pour nous déplaire.
Et en effet, "To Cut A Long Story Short" déserte le style plus frontal de ses prédécesseurs pour accoster un rivage plus acéré et accrocheur que féroce. Grâce aux coups de griffes de Caro, pas si éloignée que cela de certaines de ses collègues américaines telles que Maria Brink (In This Moment) ou Taylor Momsen (The Pretty Reckless), il reste néanmoins toujours quelque chose des racines punk des Allemands qui sont donc loin d'avoir viré leur cuti.
Bon, mais d'où viennent les grumeaux alors ? De la durée de cette troisième galette pour commencer. 48 minutes et des poussières, ce n'est certes pas excessif mais s'avère pourtant interminable. Et c'est sans doute là que le bât blesse le plus tant les quatorze titres sont loin d'être tous égaux en qualité, nous faisant dire que l'album aurait mérité quelques judicieux coups de ciseaux, ce qui lui aurait alors permis de dresser une intensité qui, en l'état, lui fait quelque peu défaut. Propulsés par des intros de bonne augure, nombre de titres ne se montrent finalement pas à la hauteur de leur prometteuse amorce, à l'image de 'Digging Ditches' ou de 'Sleep With My Enemy'.
Il en découle un ensemble qui peine à imprimer de durables morsures dans la mémoire. Les compos défilent, souvent plaisantes, toujours irriguées par une sève sauvage mais dans leur intimité, on ne butine aucune mélodie réellement forte, à l'exception des 'Where Are You Going', 'Hell Or High Water' sans oublier le lourd 'Judas' ou le plus étonnant 'All Is Lost', plus lent et malsain.
L'actif l'emportant quand même sur le passif, "To Cut A Long Story Short" s'enfile sans déplaisir mais nous attendions mieux de ce mélange de punk rock et de metal conjugué au féminin comme si la mayonnaise n'était pas parvenue à prendre tout à fait.