Même si son nom ne vous dit rien, il est fort probable que vous ayez déjà croisé le chemin de Weezer. En effet, 'Island in the Sun', issu du "Green Album", a toutes les chances d'avoir parcouru vos conduits auditifs par le truchement de votre radio FM préférée (sauf si vous écoutez Radio Classique) ou de la télévision, ayant servi de musique pour une pub pour La Banque Postale.
Pourtant ce groupe américain, créé en 1992 autour de son leader Rivers Cuomo, n'est pas avare de ses efforts puisque "OK Human" est déjà son quatorzième album. Weezer a un peu suivi la même trajectoire que Coldplay, voyant le rock alternatif nerveux de ses premiers albums céder le pas à une pop plus mainstream. "OK Human" enfonce un peu plus le clou. Les plus perspicaces auront peut-être déjà remarqué l'humour des Américains, le titre de leur album renvoyant à un certain "OK Computer" (Radiohead). Ce titre s'explique par les thèmes abordés traitant des sensations d'isolement, d'aliénation et de solitude que ressentent les humains accrochés à leur technologie.
Et pour illustrer ce thème, Weezer met les ordinateurs au placard et revient à un enregistrement analogique. La fée Electricité est aussi priée de débarrasser le plancher, seuls les instruments acoustiques sont tolérés, renforcés et presque supplantés par un orchestre de 38 musiciens. Au vu du résultat, on se dit qu'un peu moins de technologie ne nuit décidemment pas.
Car, depuis son virage vers des eaux plus pop initié dès le "Green Album", les productions du groupe ont été en dents de scie, alternant d'excellents albums ("Green Album", "White Album") et d'autres plus pâlichons. La recette étant peu ou prou la même, de petites chansons au format ramassé de deux à trois minutes, rarement plus, la différence tient essentiellement à l'inspiration, certaines compositions générant un inexplicable bien-être quand la fadeur d'autres n'inspirent que l'ennui.
"OK Human" se classe dans la première catégorie car il est un condensé de tubes en puissance, tantôt mélancoliques ('Numbers', 'Playing My Piano', 'Bird with a Broken Wing', 'Dead Roses'), tantôt ensoleillés ou légers ('All My Favorite Songs', 'Grapes of Wrath', 'Screens', 'Here Comes the Rain'), évoquant irrésistiblement la pop anglaise des plus grands, à commencer par celle des Beatles (dont le titre 'Here Comes The Rain' renvoie au 'Here Comes The Sun' des Anglais), mais aussi des Kinks, de Coldplay et même de Queen (la fin de 'Playing My Piano'). Aucune baisse d'intensité n'est à déplorer, les douze titres s'écoutant avec le même plaisir.
Des mélodies simples, mais pas simplettes, des couplets chantants, des refrains addictifs, des orchestrations de cordes et de vents somptueuses et un chant invitant tantôt au spleen, tantôt à sourire, et l'envie de remettre l'album sur la platine à peine fini vous reprend de manière irrépressible. "OK Human" est une petite pépite de pop symphonique à ne manquer sous aucun prétexte.